2009-12-17

Papa Noël, le dieu des réseaux numériques

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Cet étrange personnage mythique, qui évoque une sorte de joyeux Bonhomme Hiver, généreux porteur de cadeaux, au moment où le climat se fait rude, a gagné la terre entière, même les pays chauds. Il est drôle à voir en Afrique, avec sa tuque, ses gants et son épais manteau rouge. Le commerce l’a attrapé par la barbe. Décliné du Santa Klaus, le Saint Nicolas de la froide Germanie, qui l’a exporté avec les immigrants à New York au XVIIe siècle, il n’a plus rien à voir avec le christianisme, même si en Occident nous l’avons lié à la naissance du petit Jésus. Il n’est pas cité dans la Bible! Il habite au 1, chemin des nuages, Pôle Nord, HOH OHO, mais il se rencontre plutôt dans les grands magasins. Aujourd’hui, en Chine, il est partout où il y a un commerce, une boutique, un restaurant, une station d’essence.

Le dieu du commerce électronique
Parlerons-nous à la veille des fêtes de fin d’année de e-Papa Noël? En fait, le Père Noël est un personnage mythique quasi numérique avant la lettre. En apesanteur sociologique planétaire, il jouit de la même ubiquité et immédiateté que l’internet. Il surfe avec ses rennes et son traineau sur les réseaux étoilés et entre dans chaque maison. Sans fil! Par le cadre de la cheminée, symbole du foyer, qu'ont remplacé depuis la télévision puis l'écran d'ordinateur. Il livre le bonheur à domicile, qu'il puise dans l'abondance virtuelle. Il semble venir du cybermonde et nous connaître tous par notre prénom, comme dans médias sociaux Facebook ou Twitter. Il est notre ami. Et comme il apporte les cadeaux par magie, il pourrait bien devenir le dieu du commerce électronique. e-Bay et Amazon relayés par Google pourraient en faire le symbole du bonheur numérique. La prochaine génération l'appellera-t-elle le Père Google? En tout cas, il orne déjà chaque année en décembre la page d’accueil de notre célèbre moteur de recherche.
Le bon vieux temps de la poste se terminera bientôt ; les enfants d'aujourd'hui écrivent au Père Noël par courriel. On dénombre des dizaines de sites où ils peuvent rejoindre le Père Noël ppar ordinateur pour lui demander leurs cadeaux. Et comme tous ces enfants donnent des indications précises pour s'assurer de bien recevoir leurs cadeux, le commerce a su y mêler des images bordées d'étoiles à des catalogues de jouets que les heureux parents y retrouveront facilement pour honorer comme il se doit la réputation du Père Noël avec leur carte de crédit. Dans la vie réelle, ces sites ne sont donc pas toujours aussi innocents qu'ils paraissent, même si plusieurs d'entre eux prennent explicitement des précautions pour protéger la vie privée des enfants et de leurs familles.

Le Père Google
On dit que seuls les enfants croient au Père Noël. Certes, mais les adultes croient, eux, au Père Google et à la magie de l'internet! C'est Noël toute l'année pour beaucoup d'internautes!
Vive Cyber Papa Noël, le dieu des réseaux numériques! Il existe. Et la preuve, la voici, dans un courriel de parents désabusés : "Cher Père Noël, viens reprendre les cadeaux que tu as apportés aux enfants. Ils ne les méritent plus, tant ils sont devenus insupportables!" Un sérieux avertissement à ces bambins désobéissants! On n'arrête pas le progrès.
Hervé Fischer
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*http://www.emailsanta.com/noel.htm
Parmi d'autres, citons:
www.perenoel.com/village/lettre/ - France
http://www.freetopia.fr/.../noel/internet-pere-noel.php
http://www.coupdepouce.com/...pere-noel/.../18027

2009-12-16

Pathologie cellulaire


Que ce soit à Beijing, à Rome, à Buenos Aires ou à New York, on observe que l'espèce humaine est en mutation. On dénote même deux variantes principales, celle des individus qui parlent fort tout seul, tout en vaquant à leurs activités usuelles, et celle de ceux qui ont systématiquement une main collée sur l'oreille opposée, tout en monologuant eux-aussi avec eux-mêmes. Les uns comme les autres ont l'air soucieux, les épaules crispées, les vertèbres un peu tordues. Ils font de la peine à voir et semblent prendre des risques en marchant vite sans prêter attention aux obstacles. Plusieurs ont été renversés par des voitures, comme s'ils n'avaient pas conscience de traverser des rues. Est-ce un nouveau virus? En tout cas une pandémie mondiale qui a gagné toutes les populations urbaines. Même réunis en petites groupes, ou assis dans un restaurant, ces individus semblent ignorer leurs proches. Sont-ils autistes? Les yeux agités, ils font des gestes incohérents, notamment des bras. Cela s'appelle la "pathologie cellulaire", du nom du masque miniature portable, dit parfois cellulaire, dont ils semblent se munir pour se protéger du mal, et qu'ils sont manifestement contraints de porter régulièrement à leurs oreilles. Est-ce une infection des oreilles ou du cerveau? Ou de la gorge? Parfois ils se collent le masque sur la bouche.
L'ethnologue, que je suis devenu malgré moi, tant la chose est intrigante, a observé aussi beaucoup d'individus prostrés près d'un arrêt d'autobus, le regard fixé sur l'écran lumineux de leur masque, qu'ils tiennent constamment dans leur main, comme s'ils en attendaient un signal pour se protéger. Manifestement aucun signal ne vient. On en voit alors qui appuient hystériquement sur les touches minuscules du clavier dont l'objet est muni, ou qui passent le plat du doigt sur l'écran, et le caressent dans un sens ou dans l'autre, à la recherche d'on ne sait quelle indication.
Hommes, femmes, adolescents, tous sont atteints du mal. Et la pandémie augmente sans cesse, sans qu'on ait été capable d'identifier le virus, ni de développer une vaccination ou un remède, malgré la multiplication des kiosques et petites boutiques qui affichent les enseignes de la maladie et des masques qu'offrent différentes marques, dans tous les lieux publics. Plusieurs, sans doute plus atteints, portent d'ailleurs à demeure une prothèse sur l'oreille, avec ou sans câble relié à leur veste.
Seules les populations rurales semblent moins atteintes. Il faudrait donc rechercher la cause du mal, comme pour le cancer, dans la pollution de l'air ou l'intensité des champs magnétiques et des radiofréquences des zones urbaines. D'ailleurs le mal est intense dans les aéroports où ils sont nombreux à porter leur masque cellulaire sur leurs oreilles. Et dès l'atterrissage de leur avion, sans même attendre l'autorisation que le chef d'équipage est obligé de leur donner, on les voit tous sortir leur masque cellulaire de leur poche, à juste titre, certainement, car le mal les reprend dès que l'avion approche des bâtiments.
Quelques enquêtes sont occasionnellement publiées, qui font état d'hypothèses et de résultats contradictoires. Chose certaine, les individus sont atteints de plus en plus jeunes. Sans cet objet, ils ont pourtant tous l'air normal, ce qui incite à penser que le masque est un remède qui fait plus de mal que de bien. On l'interdit d'ailleurs en voiture, pour des raisons de sécurité publique.
Hervé Fischer