2014-05-24

Hyperhumanism




Thanks to digital technologies we learn how to use hyperlinks when we navigate on the web and we get access to worldwide information in real time. The Digital Age allows us to get closer to all societies, feel responsibility and share compassion with all members of humanity who are in vulnerability because of natural catastrophes or break down of peace.
We may celebrate the new capacity of digital technologies for offering us “rich media” and "augmented reality" thanks to these multiple hyperlinks giving us complementary information about any historical, social, scientific, cultural data or touristic site. But, even more important, we benefit of what  we should call "augmented consciousness" thanks to these same multiple hyperlinks of the web and social media of our new age. This "augmented consciousness” is awaking a deeper sense of human creativity and ethical social responsibility which we develop collectively. It allows us to discover and appreciate the richness of cultural diversity. It allows us to believe again in human progress. It may sound paradoxical that a binary digital code and electronic technology may create nowadays more consciousness and a planetary ethic, but it is a matter of fact, even if the progress is slow and if United Nations agencies encounter so much difficulty to impose peace and human respect. In a time which sees the triumph of techno-scientific logics and the domination of economical one-way thinking, “augmented consciousness” and planetary ethics should still be considered as the key parameters of the future of humanity.

We may therefore propose the new concept of “hyperhumanism” to express our hope for more humanism thanks to more hyperlinks.

2014-05-22

Les algorithmes du vivant




Nous interprétons désormais le monde non plus à partir du couple matière/énergie, mais selon des algorithmes, comme si l’univers et la vie étaient d’immenses hypertextes dont nous explorons les liens qui configurent des phénomènes, des lois, des dynamiques et des inerties.
Et dans cet ensemble qui nous englobe, tout est devenu information : des informations que nous déchiffrons, des informations que nous constituons et des informations que nous associons de façon inédite.
Pourquoi alors nous étonner encore des fleurs naturelles colorées artificiellement comme des cornets de crème glacée, des maquillages en tous genres, des lèvres noires ou violettes, des faux ongles, des faux cils, des perruques ou des faux seins. Nous fabriquons aussi bien du sérum et du sang artificiels, des os et de la peau de synthèse, des aortes et des cœurs en plastique, que des textiles en fibre de lait pour les gilets pare-balles, des alliages ultralégers et performants pour l’aéronautique. Nous manipulons les gènes, les chromosomes et les cellules souches. Avec la chirurgie esthétique un énorme marché est apparu, tant sont nombreuses les femmes qui se font remodeler le corps selon les critères esthétiques à la mode. Les opérations de cataracte consistent désormais à implanter des cristallins de plastique dans les yeux.  Nous prétendons ajouter dans les crèmes de beauté des nano particules de tout ce qui peut séduire les consommatrices, et que les prospectus publicitaires déclarent rajeunissants, bioénergétiques, en quelque sorte «magiques».
Le vivant, le réel et l’artificiel se déclinent désormais sans discontinuité, sans  frontière discernable, selon tous les algorithmes des industries militaires, agroalimentaires, manufacturières et culturelles que nous décidons de programmer. C’est ce que j’ai appelé le «nouveau naturalisme». Nous travaillons même dans les laboratoires à synthétiser la vie. Les mutations les plus emblématiques de cette hybridation entre ce que nous nommions il y a encore peu de temps «le réel» et opposions à «l’artificiel» sont certainement celles qui transforment le vivant. Elles transgressent des conceptions et des valeurs qui relevaient de croyances religieuses. Elles s’imposent rapidement, même s’il existe encore des sectes archaïsantes, telles que les Amish qui s’en tiennent à «la vielle nature» et interdisent même les bicyclettes, voire qui refusent les vaccinations et les médicaments industrialisés.
Nous pouvons alors qualifier de «nouvelle nature» cet arrimage étroit dans lequel les éléments dits artificiels, interventions, implants, ajouts, hybridations et synthèses prétendent s’intégrer en douceur à la nature dite originelle, comme une valeur ajoutée et non comme une négation.
Il existe aussi dans l’utopie technoscientifique actuelle une tendance à déclarer obsolète l’écosystème dit naturel, pour lui substituer une combinaison nouvelle, qui relèverait non plus du carbone, mais du silicium et de l’intelligence artificielle. Le cyborg en est la figure cinématographique. Mi chair mi artifice, ce successeur anthropologique de l’homme actuel, doté de nouveaux pouvoirs, nous ferait passer dans une ère totalement artificielle, où la valeur de l’authentique perdrait tout sens et toute réalité, si non pour désigner une lointaine période archaïque de l’évolution humaine.
Nous serions alors des êtres de synthèse dans un univers de synthèse. La «vieille nature» aurait disparu,  ou serait classée «réserve naturelle»,  comme dans «Le meilleur des mondes» d’Aldous Huxley, et peut-être gardée secrète, comme dans le film «Soleil vert» de Richard Fleischer, inspiré du roman éponyme de Harry Harrison (1974). Nous ne serions même plus «biodégradables», comme l’imagine encore le film éponyme du réalisateur de République dominicaine Juan Basanta (2013).
Nous devenons des dieux, ni meilleurs, ni pires que ceux de l'Olympe. Et c'est là une étape qu'il nous faudra dépasser, au niveau de l'éthique.

2014-05-19

le réel et le virtuel


Cette opposition entre le monde d’ici-bas que nous dévalorisons une fois de plus  et celui d’en haut que nous survalorisons plus que jamais nous replonge dans le mouvement de balance cyclique de nos interprétations de l’univers. Dans un premier temps, qu’on a appelé « primitif », le monde animiste était d’une seule pièce. Les hommes faisaient partie de la nature dont ils célébraient les esprits. Puis cette unité a été déchirée par Platon, qui nous voyait ici-bas dans la pénombre d’une caverne, enchaînés par des simulacres et des ombres trompeuses, sans pouvoir nous retourner vers la pure lumière de la vraie réalité qui resplendissait là-haut, dans le ciel des idées, et que seul le sage voyait. Le christianisme a renforcé cette opposition, qualifiant de vallée des douleurs et de péché la Terre d’ici-bas et glorifiant la lumière pure et l’infinie sagesse et connaissance de Dieu pour nous inviter à sacrifier nos vies terrestres et mériter le ciel.
Puis, cette curieuse topologie a été inversée par les hommes de la Renaissance qui ont substitué la trilogie de l’humanisme, du rationalisme et du réalisme d’ici-bas à celle du Dieu du ciel incarnant le vrai, le bien et le beau.  Revalorisant la vie terrestre et contestant la théologie sacrificielle de l’Église, on a dénoncé de plus en plus l’obscurantisme du Moyen-âge. La science expérimentale nous libérés de la superstition et s’est affairée à représenter, explorer et transformer la réalité matérielle d’ici-bas. Nous étions enfin des hommes à part entière, les pieds sur Terre.
Mais après avoir bâti pendant cinq siècles, un réalisme qui semblait répondre à nos exigences rationalistes et humanistes, c’est la science elle-même qui a décrédibilisé ce réalisme si difficilement conquis. Elle n’y croit plus. Elle a abandonné l’observation expérimentale et opté pour la modélisation numérique. Elle s’est rapprochée de l’imaginaire de la science fiction et explore des hypothèses instrumentales de plus en plus idéelles. Elle s’est dématérialisée. Elle flirte avec les chimères.
Cette perte de substance du réalisme, que nous devons donc paradoxalement à la science contemporaine, s’est conjuguée en un moment historique fort avec la mort de Dieu tant clamée depuis Nietzsche. Et cette disparition simultanée de la foi dans le réel et en Dieu a ouvert un grand vide dans notre imaginaire et dans notre besoin de croyance, laissant le champ libre au «numérisme», qui s’y est engouffré, tout  la fois comme une nouvelle réalité, plus intelligente et plus instrumentale, donc supérieure, et comme un nouvel ailleurs plus prometteur, plus spirituel, et inclusif comme une nouvelle Église. L’effacement concomitant  de la réalité et de la figure divine a créé le momentum d’un nouvel essor de l’imaginaire collectif. Avec l’émergence de l’âge du numérique, notre cosmogonie s’inverse donc encore une fois. Nous revenons à  une sorte d’idéalisme platonicien. Nous déprécions  à nouveau la réalité d’ici-bas, ce monde trivial de nos sens, pauvre en informations, qui n’intéresse plus la science, tournée désormais vers l’exploration des complexités invisibles qu’elle modélise numériquement. Nous le quittons aussi parce qu’il nous résiste, nous déçoit et nous frustre dans nos désirs, en comparaison de l’ailleurs numérique qui nous attire, qui nous fascine, qui nous hypnotise, parce qu’il nous promet l’intelligence et la puissance d’une nouvelle étape de notre évolution humaine, et qu’individuellement nous avons le sentiment d’y accéder à une existence plus gratifiante et plus réelle. 

2014-05-10

Qu'est-ce qu'un robot?


Les robots, ça fait déjà vieux: has been. Vieux comme le monde. Voilà ce que j'ai d'abord envie de répondre à cette étudiante de l'Université de Brno qui me pose la question:

From: michaela kotlandova
Message: Dear Mr. Fischer.

I am a student of Theory of Interactive Media at Masaryk University of Brno, the Czech republic. Currently I write my master thesis on Robotics Arts - Aesthetics of Hardware in the New Media where I am going to mention the projects and opinions of yours. I decided to adress some artists and theorists that I mention in my thesis in order to make a survey that will help me get insight into this technologic phenomenon.
I dont write names or works, dont want to influence you, I'm interested in a natural reaction.
Therefore I would like to ask you a question: What is a robot?
Thank you very much for your time
Best wishes


Nous avons des robots culinaires, des machines robots dans les usines de montage ou dans des milieux hostiles à la vie. De la mécanique électronique asservie à nos utilités, que nous faisons travailler pour nous.
Mais le design a changé avec la miniaturisation. Nous sommes au stade des nanorobots, les nabos, comme on pourrait les appeler.
Dans tous les cas, ce sont nos esclaves. Ceux qui prétendent leur donner une âme, des émotions et des sentiments, par compassion ou par imagination futuriste, commettent une erreur dangereuse. Pensez à Frankenstein! Un hybride frustré, mal conçu, qui devient dangereux et dont nous perdons le contrôle. Un bon robot doit demeurer un bon esclave, dénué de liberté, d'imagination et entièrement soumis. Et cela vaut autant pour les nabos que pour les vieux robots. Grâce à leur miniaturisation, nous les introduisons dans le corps humain, bientôt dans le cerveau, et s'ils se dérèglent, s'ils ont un bog, ils deviennent dangereux.
Au-delà des robots esclaves, un robot a toujours été, que ce soit un golem, un bon génie dans une théière magique ou un chien robot génial (le genibo coréen), un désir de puissance, de socialité, qui peut aussi tourner au cauchemar. Les robots sont des concrétions technologiques de cet imaginaire. Ils incarnent nos instincts, Éros, Thanatos ou Prométhée, principalement Prométhée, notre instinct de puissance, qu'il faut ajouter aux deux instincts explorés par Freud.
Et le temps n'est pas venu d'un nouveau Freud, qui couchera les robots, bientôt devenus cyborgs, sur son divan pour les psychanalyser. Le mythanalyste fera mieux, qui diagnostiquera dans nos inconscients collectifs nos désirs de puissance, ou, à l'opposé, de renoncer à nos libertés individuelles pour déléguer notre intelligence humaine, jugée obsolète, à la perfection neutre du Grand Ordinateur Central et nous y soumettre en paix. Au moins, Dieu n'était pas un robot. Mais ne serait-il pas devenu aujourd'hui, le Grand Informaticien de l'univers, dont les humains ne seraient que les algorithmes? La fiction humaine n'a de cesse!

2014-05-06

le silex intelligent


L'âge du silex intelligent, acrylique sur toile, 91x122 cm, 2014

Nous voilà dans l'âge du silex intelligent, néo-cyber primitif d'un grand tournant dans l'histoire de notre évolution. Dans le creux de la main, non plus l'outil tranchant, grattant, non plus la pierre à feu, mais le silex de l'information, prolongement de notre main, de nos cinq sens et de notre cerveau. L'anthropocène nous surprendra - nous surprendra nous-mêmes!