2009-06-10

"What if the only legacy of new media is a static image?


I want to give the word today to Lanfranco Aceti *, who has given a lecture at The New Technology Art School of The Academy of Fine Arts of Carrara, the UCAN research center and Neural magazine present,on the topic: "What if the only legacy of new media is a static image? The curatorial struggle in preserving new media's aesthetics and art practices." The question has always seemed fundamental to me.
HF

The preservation and exhibition of computer and media artworks is affected by the necessity to present a traditional and objectified image to the viewers. New media practices and computer arts are characterized by evolutionary processes and technological supports that contribute to shaping and defining the aesthetic. If 'migration' and 'emulation' represent a curatorial strategy or methods for
collections' management, preservation and display deal with the obsolescence of computer and media-based artworks. The strategy of 'extrapolation and objectification' may represent another opportunity to address some of the difficulties presented by the immateriality of these art forms. Perhaps the methodologies of display should be changed and the possibilities of new media technologies exploited for new curatorial approaches even when they challenge the authority of both the author and the curator by focusing on the representation of
the environmental interaction and the importance of multiple media formats of circulation of contemporary digital cultural expressions.
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* Lanfranco Aceti works as an academic, artist and curator. He is Associate Professor in Contemporary Art and Digital Culture at the Faculty of Arts and Social Sciences, Sabanci University, Istanbul. His research focuses on the intersection between digital arts, visual culture and new media technologies. He is specialized in inter-semiotic translations between classic media and new media, contemporary digital hybridization processes, Avant-garde film and new media studies and their practice-based applications in the field of fine arts. He is also an Honorary Lecturer at the Department of Computer Science, Virtual Reality Environments at University College London. Previously an Honorary Research Fellow at the Slade School of Fine Art, he has also worked as an AHRC Postdoctoral Research Fellow
at Birkbeck College, University of London and as Visiting Research Fellow at the Victoria and Albert Museum.

2009-06-01

Internet en Patagonie


J’ai eu la chance parcourir la Patagonie, tant en Argentine qu’au Chili. L’immensité des paysages, la flore et la faune y sont fascinantes, aussi bien au pied des Andes que dans la Pampa seca, sur la côte atlantique que sur les rives du détroit de Magellan. On ne peut rêver nature plus sauvage et isolement plus complet. Je ne manquerai aucune occasion d’y retourner. Ushuaia, ce n’est pas New York, on en conviendra. Nous sommes au bout du monde. Mais le voyageur y trouvera plus facilement accès à l’internet, pour un prix dérisoire, et gratuitement dans tout hôtel, qu’à San Francisco ou à Paris. Je n’ai pas vu un seul pueblo, même au bout d’un interminable chemin de terre et de poussière, après voir croisé des autruches et des guanacos, et admiré des condors dans le ciel, qui n’offre au moins un café internet, avec une excellente vitesse et largeur de bande.
Ici et là, j’ai rencontré un médecin argentin à la retraite, qui a fait sa vie professionnelle à Boston, une artiste qui a vécu longtemps à New York et à Berlin, un intellectuel émigré pendant plusieurs années à Sao Paolo, un écrivain qui a étudié à Paris, un géologue formé à Londres, des universitaires venus de Buenos Aires ou d’Europe centrale, des hommes d’affaires émigrés de Rome ou de Madrid. Tous me l’on dit. Aussi intense que puisse être leur amour de cette nature sauvage, quasiment originelle et des vastes horizons qu’ils habitent désormais, aucun d’entre eux n’aurait fait le saut pour venir ou revenir s’installer en Patagonie, si l’internet n’y existait pas. Grâce aux réseaux numériques, ils jouissent des deux mondes, le naturel et l’urbain. Ils sont en interface quotidien avec la puissance du monde sauvage autant qu’avec la sophistication des grandes métropoles. Ils lisent les quotidiens de Chicago ou de Rome sur leur ordinateur en jetant un coup d’œil par la fenêtre sur les sommets enneigés des Andes ou sur les éléphants marins de la péninsule de Valdez; ils communiquent à distance avec leurs amis allemands ou libanais; ils se voient avec des webcam; ils suivent sur le web toutes les nouvelles et tous dossiers qui les intéressent et sont mieux informés que les téléspectateurs des grandes capitales. Ils créent des universités, des sites web et des communautés virtuelles. Rien ne leur manque pour allier la beauté rurale et la promiscuité numérique.
Ce n’est pas suffisant de dire que la planète a rétréci. L’internet nous permet d’être partout à la fois en même temps : à Ushuaia et à Tokyo, à Punta Arenas et à Montréal, au pied des glaciers d’El Calafate et sur les Champs Élysée, sur un bateau qui côtoie les baleines australes et à Buenos Aires ou à Moscou. Sans l’internet, des régions lointaines comme la Patagonie seraient coupées du monde et réduites à des activités primaires. Je n’y aurais jamais rencontré ces artistes, ces entrepreneurs, ces intellectuels, ces universitaires qui aujourd’hui s’y activent et lui confèrent ce développement économique, éducatif et culturel nécessaire pour y garder les jeunes et les immigrants qui ont parcouru le monde.
L’internet est devenu une infrastructure incontournable pour le développement des régions éloignées. Il faut y offrir la vitesse et la largeur de bande qui permettent d’afficher des pages de journaux, des images, des fichiers multimédia, éducatifs, des plans d’ingénieur ou des images médicales, de la musique et de la vidéo. L’internet est devenu un outil prodigieux et polyvalent, aussi bien pour l’éducation que pour la santé, pour la démocratie et pour les services publics que pour la culture, pour le commerce électronique que pour la recherche scientifique, pour le développement économique que pour la protection de l’environnement et pour le tourisme. En Patagonie, tous les bed and breakfast, même et surtout les plus isolés, sont égaux devant l’internet. Ils y montrent leurs paysages et leurs chambres, et offrent un service de réservation qui leur amène leur clientèle quotidienne, venue des quatre coins du monde. Les routes ne suffisent plus. Il faut aussi, partout, un réseau internet fiable et puissant. L’internet est le plus stratégique des investissements que tout État se doit de faire dans sa politique de développement des régions éloignées.
Ce que la Patagonie, aujourd’hui soumise à la terrible crise économique de l’Argentine, qui s’étend sur des milliers de kilomètres, peut offrir à ses villages de montagne ou de la Pampa, au bénéfice de populations dispersées, jusqu’au bout du monde, le gouvernement du Québec, qui dispose de ressources et d’expertises importantes, ne semble pas vouloir se donner la peine de le rendre possible dans les Laurentides, à une heure de voiture de Montréal, où la population est pourtant de plus en plus dense et entreprenante, ni davantage dans nos régions éloignées dont il nous répète pourtant à satiété que c’est l’une de ses priorités. Pourquoi le Québec prend-il toujours plus de retard par rapport aux autres provinces du Canada, qui lui-même, jadis parmi les pays les plus branchés du monde, recule lourdement tous les ans dans le classement international. Nous sommes pourtant en 2009. L’évidence est criante! Il faut croire que nos gouvernants sont myopes et sourds. Y-a-t-il plus d'autruches au Québec qu'en Patagonie? Faudra-t-il endurer cette incompréhension de nos responsables politiques jusqu’à ce que la nouvelle génération soit en âge de voter? La Patagonie n’a pas attendu. Une fois de plus, le Québec manque le rendez-vous avec son histoire.
Hervé Fischer