Qu'est-ce que la nature? Voilà une bien grande question ! La nature a beaucoup changé ! Du moins en avons-nous eu des interprétations successives très différentes. Ce qu’on appelle aujourd’hui le sentiment de la nature a d’abord relevé d’une conception magique. Puis polythéiste. En Occident, les émotions de désir ou de frayeur qui en résultaient, n’ont pas été apaisées par l’interprétation biblique et théologique qui a suivi. Nous aurions été chassés d’un paradis terrestre mythique pour découvrir la dure réalité. Nous aurions été condamnés au labeur rustique. Alors que la civilisation japonaise célèbre l’harmonie entre la nature et les hommes, en Occident, la nature a été identifiée à au péché, à la lourdeur de la matière par opposition à l’esprit, à l’âme, à Dieu, dont ont résulté des idées d’hostilité, de la malédiction, et une souffrance. C’est la Renaissance, puis la philosophie mécanique de la matière de Descartes, qui ont inversé notre attitude en Occident. Nous avons réactivé ainsi le mythe prométhéen de la conquête et de la transformation de la nature par les hommes. Descartes nous a invité à nous rendre maître et possesseur de la nature. Passant de la crainte à l’exploitation de la nature, donc à sa domestication et conséquemment à sa transformation et à la destruction de l’état de nature rousseauiste, l’homme s’est engagé dans l’exploitation des ressources naturelles et le développement des manufactures. Le mouvement s’est bien sûr amplifié exponentiellement au XIXe siècle.
Mais c’est cette industrialisation et l’urbanisation qui lui est liée, qui ont sans doute déclenché en contrepoint aussi ce retour émotionnel vers une nature romantique. Les poètes allemands, français, anglais évoquèrent une nature nostalgique, fragile, nocturne, sauvage, celle qui éveille le rêve ou les émotions amoureuses.
Parallèlement, les Encyclopédistes ont inspiré le développement d’un rationalisme qui s’est appliqué aussi aux sciences de la nature. Et aujourd’hui nous retrouvons ces deux pôles, l’un émotif et l’autre scientifique dans notre conscience écologique contemporaine. Toute l’écologie est constituée par une imagerie scientifique et des fichiers informatiques. Nous ne pensons pas au climat aux océans, au soleil, à la ville, sans y introduire des connaissances scientifiques des variations des trous d’ozone, ou des masses de plancton dans les océans, des mesures de pollution, des déséquilibres de la biomasse. Non seulement nous sommes fascinés par les images de nature en haute définition, à l’échelle macro, virtuelles, en simulations, mais nous avons désormais aussi développé une conscience écologique, une sorte de vision savante de la nature, qui suscite en nous ce que nous pouvons appeler le nouveau sentiment numérique de la nature, et les émotions, les craintes, les engagements militants qui y sont liés. La nature est devenue verte. Et éconumérique.
Hervé Fischer
Mais c’est cette industrialisation et l’urbanisation qui lui est liée, qui ont sans doute déclenché en contrepoint aussi ce retour émotionnel vers une nature romantique. Les poètes allemands, français, anglais évoquèrent une nature nostalgique, fragile, nocturne, sauvage, celle qui éveille le rêve ou les émotions amoureuses.
Parallèlement, les Encyclopédistes ont inspiré le développement d’un rationalisme qui s’est appliqué aussi aux sciences de la nature. Et aujourd’hui nous retrouvons ces deux pôles, l’un émotif et l’autre scientifique dans notre conscience écologique contemporaine. Toute l’écologie est constituée par une imagerie scientifique et des fichiers informatiques. Nous ne pensons pas au climat aux océans, au soleil, à la ville, sans y introduire des connaissances scientifiques des variations des trous d’ozone, ou des masses de plancton dans les océans, des mesures de pollution, des déséquilibres de la biomasse. Non seulement nous sommes fascinés par les images de nature en haute définition, à l’échelle macro, virtuelles, en simulations, mais nous avons désormais aussi développé une conscience écologique, une sorte de vision savante de la nature, qui suscite en nous ce que nous pouvons appeler le nouveau sentiment numérique de la nature, et les émotions, les craintes, les engagements militants qui y sont liés. La nature est devenue verte. Et éconumérique.
Hervé Fischer
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