2012-09-30

Peinture numérique

Le pixel est une matière, tout autant que le pigment du tube de peinture à l'huile ou acrylique, tout autant que le pigment de gouache ou d'aquarelle. Il est même moins fluide. Il tache tout autant l'écran que le pigment la toile ou le papier. Il se répand aussi. Il faut souvent nettoyer.
C'est l'expérience que j'en ai.
Et peindre avec des pixels évoque aussi pour moi la pratique de la gravure si linoléum. Avec la gousse, on enlève de la matière. Avec le gomme cathodique, on enlève les pixels. La trace est la même, le geste très semblable. Avec cette différence qu'on peut annuler un geste dont on n'est pas satisfait, et même remettre de la matière.
Cette peinture cathodique est l'exemple même des beaux-arts numériques sur lesquels j'insiste si souvent. Avec le numérique, je peux explorer, chercher, substituer, esquisser plus facilement et plus vite. Je peux choisir mes couleurs, dessiner avec une bonne boîte à outils et une large palette. Et je peux reproduire et diffuser à tout moment en ligne. Mais l'inconvénient, c'est l'éphémérité. Lorsque une peinture numérique est achevée, j'aime donc la reprendre à la peinture sur toile, pour lui donner une chance de perdurer. Mais aussi, parce que cette reprise devient aussi immédiatement une recréation, à une autre échelle, avec des couleurs en tubes différentes, et que cette reprise me conduit toujours ailleurs sur d'autres options créatrices.
Ci-dessus un livre bigarré comme une crème glacée. Un travail en cours, stocké sur mon disque dur.

Le prix unique au Québec pour les livres numériques aussi

L’urgence d’adopter au Québec le prix unique des livres. La preuve est faite que c’est très bénéfique pour les petites librairies dans les autres pays qui ont adopté cette législation (depuis 1981 en France: 30 ans déjà!). Nous avons absolument besoin de cette politique du prix unique au Québec. Je ne sais pas si nous pourrions la généraliser pour les versions numériques des livres; il est nécessaire de se pencher sur cette problématique et chercher une solution, pour que la compétition soit équitable entre nos éditeurs québécois et les Amazon.com de ce monde qui tentent de prendre des positions hégémoniques.

2012-09-28

La pixelisation de notre image du monde


Le pixel est de la matière chromatique. Il est partout dans la numérisation de tout. Le monde est en couleurs, en couleurs chromo saturées, en colorants artificiels. Kitsch.
Le kitsch d'une société numérique de consommation.

2012-09-27

Terre 2.0



Notre planète se numérise. En anglais, une langue toujours plus rapide que les autres à forger des mots synthétiques des évolutions humaines, on parle depuis quelques années déjà de e-earth. Un mot que se sont appropriées aussi des ONG internationales convaincues des nouveaux enjeux qui sont liés à cette émergence accélérée de notre révolution anthropologique.
Nous tendons tous à prendre notre place dans ce cyberespace, cet espace de gouvernance, selon l’étymologie, que nous soyons des individus, des institutions, des entreprises ou des nations. Les outils sont de plus en plus nombreux et accessibles: sites web, blogs, médias sociaux de toutes natures. Le cyberespace terrestre est devenu un espace d'existence et d'affirmation individuelle, collective, commerciale, professionnelle, culturelle, religieuse, artistique; un espace de conciliation et de dialogue, mais aussi de compétition, de malfaisance et de guerre. Un espace interactif qui pulse globalement et localement.
Un espace où le Québec doit impérativement prendre sa place. Un espace plus important pour le rayonnement international du Québec que des ambassades (que nous n'avons pas le droit d'ouvrir).

2012-09-26

Québec 2.0



Ci-après mon article paru dans la page Idées du journal Le Devoir du 24 septembre 2012:


Le réveil du numérique québécois

Hervé Fischer - Auteur de plusieurs livres sur le numérique chez VLB éditeur  24 septembre 2012  Médias
Alors que Bernard Landry, dès leur émergence, avait compris l’importance décisive des nouvelles technologies numériques pour le développement du Québec, les gouvernements successifs menés par Jean Charest les ont systématiquement négligées. Pire, sous le faux prétexte néolibéral d’en finir avec la politique interventionniste de l’État, pourtant indispensable dans un secteur naissant d’innovation stratégique, ou par partisanerie politique, ils ont mis fin aux mesures incitatives, qui avaient présidé au lancement de la Cité du multimédia et au développement de nombreuses petites et moyennes entreprises de création de technologies, de services et de contenus multimédias.

Bernard Landry avait su attirer la société Ubisoft en 1998 et avait créé ainsi la dynamique qui a fait de Montréal une capitale mondiale des jeux vidéo. Les gouvernements Charest n’ont pas même dépensé pour les infrastructures numériques les modestes budgets annoncés, ce qui a nui notamment au développement économique de nos régions éloignées.

Le financement du médialab québécois Hexagram a été aboli. Le Québec, qui était un pionnier du développement numérique et s’apprêtait à en tirer un avantage majeur dans toutes ses activités industrielles, commerciales, éducatives, culturelles et touristiques, a pris pendant l’époque Charest un retard inquiétant.

Nous avons dépensé des milliards dans l’informatisation des services en santé publique sans succès. Nous en sommes revenus aux mines et aux ressources naturelles, alors que la recherche technoscientifique et la nouvelle économie dépendent de plus en plus directement de l’avantage numérique.

Des dossiers urgents

Il a fallu à beaucoup d’entre nous une conviction aussi forte que légitime pour survivre à cette traversée du désert de neuf ans et maintenir le cap. Nous avons encore des forces et des expertises remarquables, mais il est grand temps que l’État québécois reprenne l’initiative numérique dont dépend notre avenir. Les dossiers à traiter sont nombreux et urgents.

Les infrastructures d’abord, car nos réseaux nécessitent des investissements basiques en sécurité, haute vitesse et largeur de bande à l’échelle du Québec et en priorité pour les régions éloignées. Il nous faut nous réapproprier nos outils numériques, notamment dans le domaine des communications, sous peine d’aliéner notre propre marché intérieur aux mains des groupes étrangers. Il faut aussi soutenir les petites entreprises de multimédia, innovatrices et créatrices d’emploi. L’éducation, notamment au secondaire et dans les collèges, nécessite une politique de développement de contenus pédagogiques de qualité et de formation des enseignants.

Les universités ont un rôle majeur à jouer en recherche et développement. Notre situation de minorité dans l’ensemble anglo-saxon nord-américain exige que nous développions notre langue et notre culture identitaire en ligne, sous peine de subir l’impact numérique et l’uniformisation de la puissance linguistique et culturelle de nos voisins.

L’essor du tourisme dépendra de plus en plus de la qualité de nos outils numériques promotionnels et de services. Notre gouvernance en ligne permettra à l’État québécois de gagner beaucoup d’efficacité tout en réduisant ses coûts de gestion. Un accès ouvert aux données administratives (« gouvernement ouvert ») dans plusieurs domaines nous aidera à lutter plus efficacement contre la corruption.

Le numérique, c’est aussi un symbole générationnel, qui stimule l’esprit d’innovation et de création, de plain-pied avec la culture des nouvelles générations. Et c’est un outil d’intégration démocratique et d’égalité sociale, dont nous ne pouvons pas nous priver. Nous avons un nouveau gouvernement, capable de relancer la vision stratégique que nous avions il y a dix ans, mais qui a été malencontreusement interrompue par neuf années d’un pesant sommeil.

2012-09-21

Le pixel ice cream



Nous serions dans une société de l'information. Mais aussi dans la société de l'image. Des images que leur profusion, leurs supports numériques et leur mouvement incessant banalisent, ou même détruisent. Serions-nous alors dans une société "post-image" (comme on a dit "post-historique" ou  "post-nationale") ? Est-ce pensable? Et la question fondamentale revient alors nous hanter plus que jamais : L'art pour quoi faire?  
Comment échapper au cycle production, consommation, destruction de l'image? Faut-il sauver l'image? Comment? Pourquoi? Pour qui?  Ou faut-il la remplacer? Par quoi? Pourquoi? Pour qui? Où et Quand sommes-nous dans l'évolution de l'espèce humaine? 

2012-09-16

Youtube


Youtube arme de paix? Ou de destruction? La loi qui s'y applique dépend de chaque pays, mais Youtube traverse toutes les frontières. La législation qui s'appliquera au cyberespace n'est pas concevable.

2012-09-15

Youtube mortel


Youtube aide à la démocratie contre les tyrans, mais peut aussi mettre le feu aux poudres, attiser l'intégrisme primaire et la guerre fanatique. C'est ce que nous démontre ce vidéo provocateur intitulé
L'innocence des musulmans et mis sur Youtube en ce mois de septembre..

2012-09-13

Fauvisme digital

Les fausses couleurs de nos écrans cathodiques, couleurs saturées, primaires, néoprimitivisme chromatique, rappelant les vitraux des églises gothiques? Ou plutôt un fauvisme chromatique de 1905 (Matisse, Derain, Vlaminck), qui n'en appelle plus à la révolte contre l'académisme bourgeois et à l'anarchisme, mais un fauvisme bonbon, celui de la publicité et de l'imagerie scientifique, emblématique de la société de consommation et de l'euphorisation artificielle de notre époque.
(Ici une déclinaison chromatique de l'Antarctique, présentée lors de la 4a Conferencia de Buenos Aires sobre arte y cultura de la Antartida, septembre 2012)

2012-09-09

Fausses couleurs

Chromatisme cathodique. La nature s'affiche sur nos écrans. Ici l'Antarctique dans une conscience écologique.

2012-09-08

Croissant de Terre


Croissant de Terre, côté de l'Antarctique. Interprétation digitale dans une nouvelle cosmogonie alternative.