2012-10-03
Nous colorons l'image du monde en fausses couleurs
Le souci de la "couleur locale" qui caractérisait la peinture classique et le souci de respecter des variations réaliste de valeur en fonction de l'éclairage sont d'un autre temps. Nous avons même découvert que le noir et blanc qui a dominé la photographie, le cinéma et la télévision pendant des années, était tout sauf "réaliste". Il est devenu à nos yeux un summum de l'artifice et de l'art, par rapport auquel la photo et le cinéma en couleur ont même eu du mal à s'imposer. Nous les jugions vulgaires dans les années 1950-1970. Nous colorons aujourd'hui nos chefs d'oeuvre du cinéma noir et blanc. Nous colorons notre environnement, notre alimentation, nos médicaments, nous surcolorons nos cartes postales. Nous saturons notre image du monde, rivalisant avec les peintres fauvistes du début du XXe siècle. Mais cette chromatisation n'est plus une provocation anarchiste. Elle s'est institutionnalisée. Elle est devenue l'expression banale, ordinaire, signalétique de notre société numérique et de consommation. Nous sommes immergés dans une euphorisation perceptive. Pour bien des raisons, parmi lesquelles on ne saurait sous-estimer la marchandisation de nos démocraties, ni le besoin vitaliste de compenser nos sombres anxiétés face aux bouleversements qui nous surplombent.
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