2013-02-21

NETEXPLO, le rendez-vous mondial de l’innovation numérique




En 2008, Thierry Happe avait fondé avec Martine Bidegain Netexplorateur, raccourci, comme il se doit avec le succès, en netexplo. Mais cette année 2013, on parle de netexplosion. Car l’évènement, qui s’est tenu à Paris les 14 et 15 février, a cassé l’écran du grand amphithéâtre de l’UNESCO, son partenaire institutionnel. Un feu d’artifice spectaculaire d’innovations, qui nous donne à voir «le numérique mondial de demain». Ce forum a donc atteint rapidement une étonnante maturité, qui laisse entrevoir encore beaucoup de croissance à venir.
Signe des temps auquel il faut être attentif, Netexplo a couronné lors de sa sixième édition l’innovation numérique chinoise, en donnant le Grand prix à «Electronic Tattoos», une innovation qui permet de surveiller les signes vitaux des patients et de communiquer avec leur médecin grâce à des tatouages électroniques (Dr Nanshu Lu) et en primant le «China Survival Manual», qui permet de prévenir les internautes chinois contre les risques sanitaires et les scandales alimentaires (son créateur a voulu demeurer anonyme).
Les autres prix sont allés à des innovations créées en Belgique, Grande-Bretagne, France, Nouvelle-Zélande, Canada, Etats-Unis, Canada, Israël et Afrique du Sud : un tableau mondial de l’innovation numérique. Les thèmes sont aussi très divers : détecter par téléphone la maladie de Parkinson en analysant simplement la voix, prolonger l’autonomie des personnes âgées et leur maintien à domicile, aider les recruteurs par un jeu à évaluer les compétences et connaissances des candidats en finance, filtrer l’information pour lutter contre les rumeurs et fausses informations sur le web, soigner la dépression des adolescents par les univers virtuels, transformer les fenêtres des voitures en écrans connectés et interactifs pour se divertir et s’informer en voyageant, encourager la lecture des adolescents grâce au téléphone mobile, redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs en luttant contre le gaspillage alimentaire.
On observe donc une convergence, elle aussi très significative car finalement rare dans les grands rendez-vous mondiaux, des valeurs humanitaires (santé physique et mentale, culture, éducation, personnes âgées), des préoccupations des grands acteurs économiques, des entrepreneurs, mais aussi des consommateurs, des innovations médias.
L’affluence du public professionnel au Forum, qui remplissait l’immense amphithéâtre de l’UNESCO confirmait que Netexplo rejoint sa cible et les grands intervenants du monde des affaires, des médias, des industries numériques ont été brillants, à la hauteur de cet évènement majeur.
Hervé Fischer  

2013-02-14

Une conscience augmentée


                           

La société de masse, 2013, peinture acrylique sur toile, 130x162cm

Comment appeler ce grand mythe nouveau de l’humanité planétaire interactive à la conquête d’elle-même dans le cybermonde du web planétaire ? Nous le nommerons l’hyperhumanité. Hyper parce qu’il se constitue par multiplication des liens numériques, les hyperliens ;  hyper aussi pour souligner l’émergence d’une conscience augmentée en temps réel de cette masse réseautée d’êtres humains en quête de son unité par-delà les distances géographiques s’abolissent aujourd’hui dans le respect de sa diversité culturelle et linguistique.
Nous avons entrepris de tisser des hyperliens de plus en plus serrés sur la toile numérique qui recouvre peu à peu toute la Terre. Sur ce vaste réseau technologique, que relient les fibres optiques, les satellites, les serveurs, les routeurs, les modems, les ondes courtes et les terminaux, fixes et mobiles, nous nous sommes mis à communiquer en temps réel, en tous sens, sans cesse et avec tous. La société de la communication planétaire interactive s’est répandue comme l’eau, comme une crue nourricière sur les vastes solitudes et les déserts d’incompréhension de la Terre. La société de l'information est née. Elle nous enthousiasme légitimement. Elle fait circuler sur ses larges bandes et à haute vitesse des milliards de données, de pages web, de fichiers de tous ordres, d’images et de messages interpersonnels vocaux, ou textuels, touchant à toutes nos activités humaines publiques, professionnelles et privées.
Et quelles que soient les fractures, les divergences, les luttes persistantes, voire exacerbées, qu’on observe dans le web, nous ne pouvons en nier pour autant la dynamique intégratrice, encore plus puissante. Nous voyons apparaître une société de masse numérique, planétaire, qui oscille entre le fantasme d’elle-même et son incarnation réelle. Et nous aimons ce corps lumineux irradié, euphorisant, maternel.
Ces liens hyperactifs renvoient à une nouvelle solidarité, une sorte de gigantesque corps social virtuel, une humanité numérique à laquelle nous aspirons tous à nous lier, comme en témoigne le succès spectaculaire des médias sociaux. Nous y multiplions les amis, nous recherchons cette chaleur humaine qui nait des clavardages et du web interactif. Nous développons avec ce corpus numérique des relations intenses, qu’elles soient utilitaires ou émotives.
Cette nouvelle réalité est certes technologique, mais elle devient organique par les comportements humains qu’elle induit. Imaginairement nous hypostasions les réseaux numériques, qui ne sont qu’une technologie extensive, et leur attribuons une réalité supérieure à nous et au codage binaire qui les fonde, sous la forme d’un être réel auquel nous donnons des attributs susceptibles de répondre à nos désirs, à nos besoins, et de compenser nos manques et nos frustrations d’ici-bas. Nous sommes socialement enclins à ce type de fantasme, puisque c’est ce que nous faisons déjà depuis des millénaires en imaginant un dieu qui existerait réellement, puisqu’il nous rassemble dans son Eglise. 

Ce concept de conscience augmentée, que je propose avec insistance depuis quelques années, et qui me paraît plus important pour notre avenir que le concept de réalité augmentée, parce qu'il est le fondement de l'éthique planétaire de l'hyperhumanité, il est manifestement moins populaire parce qu'il parle de cette accumulation de liens humains qui le fondent et non d'innovation technologique susceptible de rentabilité commerciale, mais il est la résultante historiquement la plus importante de la révolution numérique dans laquelle nous sommes engagés. Espérons qu'il prendra sa place bientôt dans le vocabulaire du XXIe siècle.