À bicyclette dans le cybermonde, acrylique sur toile, 122 x 181 cm, 2012
Le numérique ? Le numérisme en 2D, en 3D ! En IMAX ? Immersif ! Interactif ! Mais ne serait-ce pas un nouveau mirage, comme l’oasis pour le Bédouin qui l’aperçoit du haut de son chameau dans les dunes sèches ? Et pourquoi croyons-nous tant à son illusion ? Par rapport au réel qui s’identifie au présent, la nouveauté qu’incarne le futur est-elle une panacée ? Il est permis d’en douter. Je trouve plus d'analyses pertinentes et approfondies dans les "vieux" journaux et magazines que dans l'internet qui mise sur l'événementiel et l’émotion. Je passe quotidiennement autant d’heures le nez dans des livres que sur mon écran. Car pour prendre le temps de réfléchir, de comprendre, il ne suffit pas de se faire remplir comme un pichet au robinet numérique qui coule à flots. Qui a dit qu’il faut penser vite pour penser bien ? C’est Bill Gates, un vendeur de logiciels.
Certes, je ne circule
plus en ville à cheval, mais je prends le métro. Je n’écris plus avec une
machine à écrire ; mais deviendrai-il désuet de marcher ou de lire un
livre ? De consulter une revue spécialisée, de fermer sa télévision et de
regarder la nature ? Faut-il consentir à se laisser hypnotiser par
l’agitation vibrionnante du numérique ? Se laisser aspirer par une société
écranique qui se déréalise encore plus que la « société du
spectacle » que dénonçaient Guy Debord et l’Internationale
situationniste ? Le numérique n’est pas sans vertus évidentes, qui
deviennent même incontournables. Mais pourquoi nous piège-t-il comme une
drogue ? Pourquoi crée-t-il chez chacun de nous, même les plus autonomes
et les plus lucides, un tel excès de dépendance ? Pourquoi lui
accordons-nous une place centrale dans nos vies ? Pourquoi en faire un
parti pris si exclusif qui transforme sa puissance en défaut - je veux dire un manque d’attention envers la
réalité, un divertissement par rapport aux expériences existentielles intenses ?
Certes, les nouveaux
médias sont imbattables pour la vitesse et pour les « utilités »,
mais la lenteur des vieux médias, la lenteur de l’esprit demeurent absolument
nécessaires.
Croyons-nous
encore que les mirages sont des
apparitions du réel ? Pas
de réalité : pas de mirages. Le Bédouin déchante en voyant reculer à
l’horizon le mirage. Ce n’est que dans l’oasis réel qu’il pourra se
rafraîchir et se reposer pour de vrai.
Le virtuel nous annonce-t-il la réalité qui nous attend et
fera notre bonheur ?
1 commentaire:
La vie humaine est pleine d'addictions. Elles ont en commun de réduire notre ancrage dans la réalité.
Le numérique est une drogue comme les autres, destructeur si consommé sans modération. Chacun doit faire attention à sa consommation.
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