2011-04-12

L'utopie numérique

Le numérique a pris le relais des utopies politiques du XIXe siècle. L'utopie technoscientifique nous promet à son tour des lendemains qui chantent. Espérons que cette nouvelle promesse finira mieux que les précédentes.
Que nous dit-elle: que nous allons céder la place à des superordinateurs plus sages et efficaces que nous ? Que nous allons devenir des post-humains? Que nous allons tout gérer et contrôler, nous cloner, améliorer considérablement notre santé, notre longévité, notre beauté, notre intelligence, notre mémoire, nos communications, la démocratie, le progrès social, l'égalité, la fraternité (Facebook nous permet d'avoir tellement d'amis, enfin!), notre création interactive et sociale, etc.! Autant dire que demain on rasera gratis.
Pourtant, oui, je suis convaincu que l'utopie marxiste n'a pas eu que des résultats désastreux, ni l'anarchiste, ni la fouriériste. Et que de l'utopie numérique nous pouvons espérer des progrès humains réels et pas seulement des désastres. Nous voyons bien chaque jour que le numérique nous surprend par des échecs et des succès tout aussi inattendus et non prévus les uns que les autres.
Il demeure que cette utopie est tellement prometteuse qu'il nous faut la chérir et la contrôler avec des soins assidus. Avec une fascination critique, loin de toutes les frilosités passéistes et de toutes les ingénuités délirantes. Echo errant du futur, le numérique cherche à se fixer sur des objectifs qui constitueraient des progrès humains; non seulement une puissance instrumentale inédite, qui nourrit, il est vrai, notre goût pour la pensée magique, mais aussi des progrès de la conscience humaine, qui pourraient favoriser ce dont nous avons le plus besoin: le développement d'une éthique planétaire ou de ce que j'appelle l'hyperhumanisme - plus d'humanisme, grâce à plus de liens. Il y a dans les espoirs que nous fondons sur l'âge du numérique un écho incontestable de nos désirs d'un horizon futur plus lumineux.
Le désir fait écho. Encore faudra-t-il composer nous-mêmes l'écho, qui est nôtre et que nous ne pouvons pas laisser errer à l'aventure.
hf

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