2011-06-20

Hyperweb


Nous avons tous des cookies dans nos disques durs, qui permettent non seulement d'afficher rapidement les sites web que nous voulons consulter, mais qui constituent aussi des nanorobots espions dans notre maison et informent leurs répondants de nos activités.
Nous sommes aussi tous hypertagués - c'està-dire indexés - par Google et autres moteurs de recherche ou médias sociaux, qui prétendent nous faciliter la vie et les communications, mais qui constituent des archives constamment actualisées de nos navigations et centres d'intérêts. C'est ainsi que nous alimentons nous-mêmes sans trop y penser des banques de données personnelles, voire intimes sur notre profil psychologique, nos habitudes de consommation, etc. Et lorsque nous utilisons les services de courriel de Microsoft, Google, etc., ce sont nos propres courriels qui sont tagués, indexés et que les moteurs de recherche nous retrouvent en un dixième de seconde. Google nous offre même de jouer au moteur de recherche sur notre propre disque dur!
Bien sûr, c'est pour nous rendre service; ce ne sont que des robots qui font le travail, anonymement; et si nous en sommes conscients, nous pouvons désactiver facilement ces fonctionnalités. Mais nous oublions de le faire. Lorsque nous effaçons nos cookies et notre historique de navigation, nous ne savons pas si les moteurs de recherche le font aussi. Et nous recommençons le jour même à accumuler les données et à reconstituer nos tags.
Certains se résignent à cette transparence qui semble inévitable et finalement peu dangereuse. Mais nous savons que les effets peuvent en devenir pervers si ces banques de données passent entre de mauvaises mains, celles de criminels, de prédateurs, ou simplement de commerçants avides de marketing ciblé, voire de la police. Bien sûr, nous comptons sur la police pour nous protéger aussi longtemps que nous ne sommes pas dans une dictature. Et elle est sous-équipée pour nous protéger des harcèlements, vols d'identité, violations de notre vie privée et fraudes en tout genre.
La STASI n'existe plus. Mais il en existe certainement encore des centaines de petites imitations étatiques, que les outils numériques rendent invisiblement très efficaces.
Lorsqu'on rêve de démocraties numériques, on devrait aussi cauchemarder en pensant à la généralisation insidieuse de l'hyperweb comme mode de gestion des moteurs de recherche au service des netcitoyens.

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