2011-11-27

Drogues socialement acceptables



Le cinéma, le cybermonde et les jeux vidéo sont des drogues socialement acceptables. Elles nous aident à nous échapper du réel et nous rendent la vie plus acceptable, parce qu'elles en compensent les frustrations; elles nous donnent des pouvoirs magiques dans d'autres mondes, pouvoirs de voyeurs au cinéma, de sorciers dans le virtuel, de transgresseurs dans les jeux vidéo.

2011-11-26

Philosophie numérique


Peut-on parler d'une "philosophie numérique", ou d'une "cyberphilosophie"? C'est pour le moins un raccourci, comme le veut l'époque de langage rapide que nous privilégions. Car le numérique n'est qu'un code binaire qui permet d'écrire et de diffuser des textes, des images, des sons, etc. Ainsi, on ne parle pas d'une philosophie alphabétique, même si l'alphabet phonétique a permis un degré d'abstraction plus propice à l'élaboration de la pensée philosophique, et si l'imprimé a renforcé la lecture individuelle et développé l'esprit critique.
En revanche, il ne fait pas de doute que le succès de la technologie informatique a donné naissance à l'Âge du numérique, comme la maîtrise du feu à l'Âge du feu. On ne se risquerait pas davantage à évoquer une philosophie en flamme, même si le feu a été identifié à une symbolique de l'esprit ou de la conscience.
Pour autant, une philosophie du numérique s'impose à nous, comme questionnement de nos valeurs anciennes et nouvelles, de notre image du monde ancienne et nouvelle, etc. Cette philosophie, nous tentons de la développer avec la fascination critique que je revendique depuis des années.
Notre époque est passionnante, parmi les plus passionnantes qui se puissent concevoir. Plus que l'époque de la découverte du nouveau monde et que la Renaissance. Non seulement par la puissance des nouveautés auxquelles nous sommes confrontés, mais aussi par la vitesse et l'extension de ces bouleversements. Je regrettais lorsque j'étais adolescent, de n'être pas né contemporain de Van Gogh pour me plonger dans les délices et les affres de la peinture. Mais du point de vue philosophique, le numérique nous bouscule, et je ne pourrais pas rêver de vivre à un moment plus fascinant de notre évolution humaine.

2011-11-25

Convergence entre cinéma et jeux vidéo ?




Le cinéma développe des récits, avec une dimension psychologique et des implications morales. Beaucoup de films jouent sur l'émotion et aimeraient nous faire pleurer. Nous y assistons passivement, sans pouvoir changer l'histoire. Les films sont souvent doloristes et fatalistes, comme le catholicisme et la Bible.
Inversement les jeux vidéo se passent facilement de scénarios.Ils nous proposent plutôt de vaincre les méchants et de gagner. Nous offrant l'interactivité, ils nous invitent à l'action. L'issue dépendra de nous. Ils ne jouent pas dans le registre psychologique, ni dans la mauvaise conscience. Ils roulent les mécaniques. Ludiques, ils nous proposent des moments joyeux. Même lorsque nous perdons, ce n'est pas bien grave. On peut recommencer la partie. Rien de tel dans la vie, ni dans le cinéma.
Le cinéma opère sous le regard de la Bible; les jeux vidéo avec la main de Prométhée. Dans le cinéma, le Diable est présent. Le mal et le bien nous dominent. Les jeux vidéo, au contraire, sont d'inspiration grecque. Nous vainquons les démons. Pas de mauvaise conscience. Le mal est là pour que nous le dominions. Nous tuons les dragons. Nous décidons de notre sort à chaque instant.
On nous parle aujourd'hui de plus en plus de convergence entre le cinéma et les jeux vidéo. Mais il ne s'agit pas seulement d'un défi technologique. Les différences sont beaucoup plus profondes, au niveau de l'imaginaire. La rencontre du Diable et de Prométhée, des deux mythes fondateurs de l'Occident, demeure improbable. Elle serait difficile à maîtriser.Je ne crois pas au film interactif, même avec des téléphones intelligents dans les mains des spectateurs. On explorerait mieux cette voie avec des jeux vidéos de qualité cinématographique (scénario, direction, qualité esthétique, etc.) Mais l'arrimage des mythologies grecque et biblique demeurera problématique. Ce sont les imaginaires qui ne ne convergent pas.

2011-11-24

Néologismes numériques


Qu'est-ce que les socialités?
1 - Une eau colorée sans profondeur qui s'évapore.
2 - Des bulles irisées clic-clac.

2011-11-23

Socialités numériques


Mutation de nos modes de socialisation. Nouveaux comportements suscités par les médias sociaux. Activation d'hyperliens entre citoyens numériques. Nouvelles identités. Pourquoi pas. Mais qu'en est-il de la qualité, de la durée de ces liens numériques. Que valent les "nouvelles amitiés" qui se déclarent sur Facebook par dizaines, par centaines, par milliers, par millions? Quelles valeurs incarnent-elles? Quel sens donnent-elles à la vie? Quelle profondeur, au-delà des clics et des contenus qu'on agrège? N'est-ce pas une illusion d'une grande pauvreté ? Un symptôme criant des solitudes individuelles et anonymes qui coexistent dans les masses sociales des métropoles? Communiquer pour communiquer ne donne pas grand-chose, si ce n'est de nous distraire par rapport aux enjeux sociaux réellement importants. Cette ferveur ingénue pour des socialités qui esquisseraient de nouvelles structures sociales fécondes relève de las pensée magique.
Une pilule de sociabilité qu'on prend quotidiennement et qui crée une dépendance, qui euphorise un instant dans l'activité fébrile des claviers, mais qui ne guérit rien. Encore faut-il qu'elle ne fasse pas de mal. Ce qui est loin d'être le cas, compte tenu des prédateurs qui sévissent et de la vulnérabilité de beaucoup de ceux qui patinent ainsi ingénument sur leurs vies privées.
Alors que sont ces nouvelles socialités, qui mériteraient un tel néologisme? Comment se concrétisent-elles? Que construisent-elles? De nouvelles communautés en ligne? Vraiment? Admettons qu'elles peuvent permettre des rencontres amoureuses sur le web qui atterrissent par la suite heureusement. Et ce n'est pas rien.
De telles socialités, si elles existent, sont assurément complexes. Elles obéissent à des mécanismes subtils; elles ont une relation dialectique avec le réel, ses obscurités, ses tensions et ses contradictions criantes. Nous semblons vouloir leur conférer un tel pouvoir de gestation dans les discours actuels, qu'elles seraient bientôt capables de surmonter les fractures de nos sociétés et de nous faire migrer dans l'harmonie euphorisante du cybermonde, où nous aimons, il est vrai, nous évader pour échapper aux misères d'ici-bas.
Nous sommes encore mal en mesure d'évaluer l'impact positif de ces nouvelles socialités sur la vie privée. Il faut du contenu solide, des objectifs partagés, de l'esprit critique pour que ces socialités débouchent sur une nouvelle conscience humaine partagée. L'eau numérique qui coule partout finit par recouvrir le réel d'une communication dont la vacuité ne donnera pas longtemps le change. Il ne suffit pas d'être branché dans l'apesanteur ou de flotter dans le cyberespace. Il faut aussi que ces socialités activent des valeurs sociales solides, qui aient un impact réel. Si non il serait plus prudent de parler d'un divertissement, certes très absorbant, mais léger.

2011-11-21

facebook-Coca-Cola



Coca-Cola affiche donc son succès: sa page facebook se classe au onzième rang des pages les plus visitées, avec celles des chanteurs les plus populaires et des autres grandes marques comme Starbucks ou Disney.
Coca-Cola se vante d'avoir 29,1 millions d'amis. Ainsi, tout est dit sur la vacuité de facebook et sur la servilité inconsciente de ce genre d'amis qui, sans le moindre esprit critique, s'enrôlent et s'asservissent volontairement dans les stratégies promotionnelles de ces multinationales. Il tombent sans doute dans l'illusion d'être associés à la puissance et à la gloire astrale de ces compagnies de divertissement et de consommation, qui semblent donner sens à leur vie dans le monde supérieur du numérique. Les voilà connectés au vide planétaire du réseau social, branchés au gaz de la boisson célèbre. Il ne faut pas grand-chose pour les euphoriser. Mais il faudra plus pour changer le monde.

2011-11-19

Qu'est-ce que le 3D?


Dans la peinture romane, la troisième dimension était l'ailleurs divin auquel nous appelaient les auréoles dorées des icônes et la lumière bleutée des vitraux. Il s'agissait d'une convention théologico-picturale.
À partir du Quattrocento, c'est par l'invention de la perspective euclidienne, que les artistes expriment la profondeur de l'espace réel ici-bas, qui désormais les intéressait autant que Dieu. On inventa en même temps le réalisme, l'humanisme et le rationalisme. Cette convention optique ou géométrique, tout aussi artificielle que la précédente, est complétée par une tendance progressive au réalisme des visages et des objets, par l'invention des ombres (antérieurement l'ombre n'existait pas dans la peinture, si ce n'est pour évoquer le mal et le diable), par la couleur locale (antérieurement les couleurs répondaient à un strict code religieux symbolique), par la dynamique perceptive des couleurs chaudes (qui rapprochent) et froides (qui éloignent), par le bleuté plus flou des lointains (à cause de "l'épaisseur de l"air", disait Leonard de Vinci).
Aujourd'hui, c'est avec des logiciels que les infographistes construisent les objets synthétiques en trois dimensions. L'image demeure frontale et plate sur l'écran, mais la manipulation par la main de la souris ou de la console - ou sur l'écran tactile directement - suggère une manipulation réaliste dans l'espace écranique. La dynamique 3D est musculaire; le 3D est manuel, ce qui augmente notre impression de réalisme. Comme la perspective euclidienne, ce 3D numérique demeure géométrique et simpliste, si on le compare au cubisme de Juan Gris et Picasso, car il ignore les paramètres psychologiques essentiels de l'expérience: l'intention, la mémoire, le désir ou la peur, l'attente, le projet, comme le souligne la phénoménologie de la perception. Ce 3D est programmatiquement complexe, mais perceptivement pauvre. Les designers recourent donc en outre, comme les peintres de la Renaissance, à des astuces supplémentaires, telles que la dynamique de la lumière et des couleurs, les damiers ou chemins frontaux qui rétrécissent avec l'éloignement, etc. Mais ce 3D qui prétend nous étonner, au-delà de la magie de la manipulation numérique ne fait que tenter d'imiter la réalité ordinaire de nos vies quotidiennes. Il n'y a rien là qu'une tentative banale de réalisme, et même la performance technique ne nous étonnera bientôt plus. Ce 3D se réduira à une utilité d'outil, comme dans les simulateurs de vol pour la formation des pilotes, dans l'enseignement de la chirurgie, dans la modélisation architecturale ou urbaine des professionnels, etc.
Le 3D du numérique réside beaucoup plus dans la lumière bleutée des écrans cathodiques, comme dans celle des vitraux des églises, qui invitent à un ailleurs supérieur, plus réel que l'ici-bas de notre condition humaine, celui du monde virtuel où nous sommes plus puissants, plus heureux, plus connectés, où nous échappons aux limites, frustrations, souffrances du monde réel qui est jugé décevant. Ce 3D est un ailleurs imaginaire, comme celui de la religion, qui nous attire, nous rassure ou nous donne l'illusion d'obtenir des gratifications. Le virtuel est une nouvelle déclinaison numérique de la foi religieuse et de l'idéalisme platonicien.
Dans le cas du 3D numérique, l'interaction avec la réalité d'ici bas est d'ailleurs moins puissante que celle des croyants qui dialoguent avec Dieu, mais elle est souvent plus efficace parce qu'elle nous met en relation avec d'autres personnes que nous pouvons rencontrer réellement.
Toute image est un imaginaire. Notre perception du réel est un hybride de perception visuelle et d'imaginaire. Nous voyons ce que nous recherchons et ne voyons pas ce qui nous est inutile ou indifférent. Ce qui est puissant dans la représentation de la troisième dimension, c'est ce dont nous avons besoin, ce que nous désirons ou dont nous avons peur. C'est, aujourd'hui comme jadis dans la religion, moins une augmentation du réalisme - sauf pour les outils utilitaires - que l'accès à un ailleurs, à un imaginaire, qu'il soit magique, religieux ou numérique.

2011-11-16

Si l'antiquité greco-romaine avait eu l'internet


Nous connaissons bien l'antiquité grecque et romaine. Mais si les Grecs et les Romains avaient eu, il y a deux mille ans et plus, l'internet dont nous disposons aujourd'hui, avec tous les développements numériques sophistiqués que nous inventons chaque jour, nous ne saurions pas grand-chose d'eux. Ce sont leurs sculptures de marbre, leurs mosaïques, leurs objets de cuivre et de bronze, leurs amphores et poteries de terre cuite, leurs céramiques et vases de verre, leurs architectures de brique et de mortier, et même leurs rouleaux et volumen de papyrus, leurs parchemins qui ont permis que la mémoire de leur civilisation soit préservée jusqu'à nous.
L'internet constitue une technologie extraordinairement puissante pour nous donner accès à l'information numérisée, mais cette culture numérique que nous développons fébrilement aujourd'hui sur les réseaux sera sans mémoire si nous ne la conservons pas aussi dans des livres, dans la pierre,dans le marbre, dans une architecture durable - car nous pouvons nous interroger aussi sur l'espérance de vie de nos gratte-ciels d'acier et de verre en comparaison de l'Acropole grecque, du Colisée et des aqueducs de Rome, de l'Arc de Trajan ou de la via Appia.
Rares sont ceux qui prennent conscience de l'amnésie qui guette notre civilisation émergente de l'internet. Le numérique nourrit une culture sans mémoire. Les oeuvres s'y multiplient en s'effaçant comme les vagues sur la plage. Est-ce que nous ne méritons pas mieux?

2011-11-15

code numérique trinaire ou quaternaire


Nous évoluerons à l'avenir du code numérique actuel binaire vers des codes à trois ou quatre positionnements et plus - trinaire, quaternaire, etc. - pour prendre mieux en compte la dynamique complexe de la matière/énergie, mieux la modéliser, mieux l'instrumenter.

2011-11-14

Après le code binaire, quoi?


Le succès spectaculaire du code binaire 1/0 et l'impact généralisé du numérique dans toutes nos activités humaines laisse augurer de multiples développements pour longtemps. Pourtant, rien n'est éternel. Il y a eu un avant: l'invention de l'alphabet phonétique et du caractère mobile d'imprimerie. Et il y aura un après. Il est permis de se demander à quoi nous attendre. La réponse est certes difficile et aventureuse. Mais après cette simplification extrême nous pouvons prévoir une complexification qui réponde mieux à la multiplicité du réel.
Déjà nous assistons à des recherches pour développer un ordinateur quantique. 1 et 0 peuvent être en mouvement, ailleurs et là en même temps, 1 et 0 à la fois. C'est l'aspect dynamique de l'évolution prévisible en rupture avec l'aspect linéaire du code binaire.
D'autre part la découverte de l'ADN a mis en évidence un langage à quatre lettres en génétique: a, c, g, t. Ce modèle de structure, qui semble encore très simpliste par rapport à la vie, nous invite à coup sûr à nous questionner sur ce que pourrait être dans le numérique un code à trois ou quatre lettres. Nous sommes loin de pouvoir le concevoir et cette nouvelle structure, si elle existe un jour, reposera sur une nouvelle maîtrise de l'électricité, voire sur une autre énergie ou une maîtrise plus poussée de la structure atomique de la matière/énergie. Elle nous donnera dans tous les cas une puissance interprétative et instrumentale encore plus grande sur la nature. Elle hybridera sans doute nos modélisations de l'énergie et de la vie, la physique et la bioinformatique.

2011-11-13

McLuhan, l'électricité et le numérique


Certes, McLuhan a eu l'immense mérite de nous faire prendre conscience de l'importance des changements technologiques dans notre évolution humaine. Personne ne l'avait fait avec autant de force et de lucidité avant lui. Beaucoup lui ont reproché d'avoir surévalué le rôle des technologies par rapport à celui des idées et ont dénoncé ce qu'ils ont appelé son antihumanisme. Ce fut bien à tort. Ils n'ont pas compris que la technoscience est au coeur de notre culture et de notre humanisme même. On ne saurait les opposer. Et c'est un fait d'évidence que les technologies changent aujourd'hui beaucoup plus vite que nos idées et déterminent de nouvelles valeurs, de nouveaux comportements.
Pour autant, McLuhan demeure de son temps. Il est un penseur de la civilisation de l'électricité. Il nous aide par l'exemple de son audace à interroger les effets des technologies numériques, mais il ne les a pas connus et c'est une erreur trop répandue que d'appliquer ses aphorismes et ses concepts à l'âge du numérique. Quoiqu'il en ait dit dans "Understanding media", la cybernétique n'est pas une application de l'électricité. Elle est une métaphore de la société de l'information. McLuhan se référait d'ailleurs beaucoup plus à la thermodynamique qu'à la cybernétique dans ses analyses.
Beaucoup confondent l'électronique et l'informatique, ce qui leur permet d'élargir la vision de McLuhan au numérique. Ils oublient que l'électronique réfère à des mécanisme électriques, éventuellement très sophistiqués, mais pas à des algorithmes informatiques.
L'électricité est une énergie. Elle appartient à l'âge du feu, comme la vapeur ou comme le nucléaire.
L'âge du feu, c'est celui de l'énergie. L'âge du numérique, c'est celui de l'information et du codage binaire. Deux interprétations physique et métaphorique, deux instrumentations du monde bien différentes. Deux cosmogonies distinctes. Ceux qui étendent les analyses de McLuhan de l'électricité au numérique créent une grande confusion. C'est pourtant ce que font la plupart des admirateurs de McLuhan.
L'information n'est pas une énergie, mais l'application d'un code, le code binaire à la production et à la diffusion de la connaissance. Elle est une programmation informatique basée sur des algorithmes. Ce n'est pas parce qu'elle recourt à l'énergie électrique qu'elle peut lui être réduite. Ses fondements sont d'une autre nature. L'énergie a un pouvoir de transformation physique de la matière, que nous avons appris à maîtriser et à utiliser universellement. Le code binaire est paradoxalement beaucoup plus puissant que l'énergie, en ce sens qu'il nous donne un pouvoir d'interprétation, d'instrumentation et de modélisation de la nature, ainsi que de nos sociétés humaines. Il a certainement aussi un impact direct sur nos structures cérébrales, dont il renforce spectaculairement le pouvoir de mémorisation, de calcul et de combinatoire. Le numérique est beaucoup plus étroitement lié à notre spécificité humaine de création que l'énergie, qui appartient davantage au règne de la nature.
McLuhan a été le dernier grand penseur de l'âge du feu. Un homme qui a compris magnifiquement les impacts de l'électricité. Mais qui ne pouvait pas penser en son temps les impacts du numérique. Il n'est pas un penseur du numérique et c'est à tort que ses disciples extrapolent ses interprétations de l'électricité au numérique. McLuhan lui-même soulignait que nous avons tendance à mettre les contenus des vieux médias dans les nouveaux. Nous devons plutôt penser les médias numériques de façon inédite avec la même audace que lui a su démontrer par rapport à l'électricité, donc avec de nouvelles intuitions et de nouveaux concepts: ceux des impacts de la généralisation du code binaire

2011-11-12

Against McLuhan's idea of the medium as massage


McLuhan speaking of the nature of media used thermic metaphors, like hot and cold media. He also said that the medium is a massage. Of course a massage gives a feeling of heat, it relaxes you and gives you pleasure, some kind of sweetness or euphoria. And therefore you are ready to pay for this wellbeing. You may even get a daily dependance to it.
We must recognize that McLuhan was very much right. Too much. In fact a massage is a hot manipulation. And that is exactly what many media do. It allows them to promote political ideologies, publicity and therefore consummation. Many of them have hideen interests and strategies. This mass manipulation is getting very powerful and we have to resist to it.
It is not anymore possible to mention this statement of McLuhan without denouncing its perverse effect today. It was a very penetrant idea in its time, then McLuhan introduced us for the first time to such "understanding of the media". l admired him a lot. But nowadays l better say that media should avoid any kind of massage and care much more for thruth, freedom and ethics. McLuhan did not speak much about media's ethics. It has got now the main issue. Some media have this very preoccupation in their fundaments and behaviour. They avoid to depend mainly on the profits of advertising. Others not at all: they are dangerous for our democracies.
l had the opportunity of expressing these ideas last week at the excellent International Conference McLuhan100, Then Now,Next organized by Dominique Scheffel-Dunand, director of The McLuhan Program in Culture and Technology, York university, Toronto.

2011-11-08

e-Gutenberg's triumph



Gutenberg’s triumph
It is often said with a lot of emphasis that digital multimedia let us return to a multisensoriality similar to the one of orality before the invention of printing. It would mean that the Gutenberg’s kingdom, which has been so significant for the Western world, would come now to an end, after only a few centuries. For example l was invited last year in Buenos Aires to an international important conference titled “Gutenberg’s parenthesis”. McLuhan himself made such statements already in 1962 in his book “The Gutenberg Galaxy”.
As a matter of fact we speak nowadays of the end of newspapers and books printed on paper. We look for on line books and newspapers, to bed read on digital screens such as Amazon’s Kindle, IPad and similar readers. And we have to recognize that paper companies encounter a significant crisis. Some people state that we aim to a “no paper civilization”. If this is a true vision, we should question the future of such fundamental ideas of Western modernity as individualism, critical spirit and rationalism, which McLuhan himself has identified as basic effects of the invention of printing”. Such values would be at risk today, threaten by the emergence of the digital age, its extensive technologies of communication, the replacement of the visual and spatial sensibility by a time base focusing on ephemerity, a succession of events, entertainment with consumer and emotional behaviors. Accordingly to this regressive development mass societies would become much more susceptible to media manipulation and finally submitted to a new obscurantism. Such a bad issue is thinkable. But before getting to such a pessimistic conclusion we should reconsider a series of false statements which are extensively prevalent.
First error. In opposition to that is commonly said, the binary code used with digital technologies does not break away from phonetic alphabet. The phonetic alphabet may count with 26 or 30 letters, depending on languages, but his invention meant already a significant rupture from the analogical nature of ideographic writing which changed our evolution. The success of the phonetic alphabet was due to its new nature: it worked as an abstract code, away from any analogical representation or limitation, and therefore with a new instrumental power of combination. The binary digital code has appeared as the simplification of the phonetic code. This reduction to two elements: 1 or 0, on or of, has granted the binary code with a new power based on the speed of electricity and the media convergence. The binary code presents itself as the accomplishment, the logical evolution and result of Gutenberg’s invention of mobile block letters.

Second error. To get it over with Gutenberg, many people underline the commercial success of electronic books. But this success, which has been delayed after many commercial failures, results finally today of a better imitation of our good old paper books. Manufacturers have got aware of the necessity of respecting the ergonomic qualities of the traditional books, which are difficult to transcend or even to reproduce. We speak of low prices, lightness, size, friendly to handle sliding pages, tactile pleasure, even of smelling of ink and paper. We remember this New-Yorker e-books publisher who was shipping to his clients small bags of smelling powder with the disks. Japanese manufacturers have even started to commercialize an electronic book readers which imitate the flexibility of the paper pages when you manipulate it upside down. We have to admit that the success of digital books is due to the better and better electronic imitation of the characteristics of the everlasting paper book.

Third error. Books would be condemned to disappear. Media and books publishers are said to be into a deep crisis. In opposite to that superficial vision we see a fast development of virtual libraries on line, and these libraries are still libraries offering books to read and search. We say also: books are books, are books, whether on a paper or a screen page. Newspapers are still printed newspapers, whether printed on paper or on screen, diffuses on paper or on screens. The nature of the support does not change the mobility of the phonetic writing characters. The Argentinean media philosopher Alejandro Piscitelli, The internet is the printing press of the XXIe century. As a matter of fact, the MIT researchers are proposing cathodic paper and electronic ink. Mixing the text with sound and images with texts does not mean a disappearing of text’s letters or phonetic alphabet, but their extension thanks to the binary code to more domains of sensibility and expression.
The fact that Amazon and other big companies use electronic printing and diffusion and sell books on paper and on line means a great technological progress of mobiles letters and the printing press. It means a great opportunity for the access to more books, including books which are rare, difficult to access, or out of print. Internet is an extraordinary tool giving to paper books a new power of promotion, diffusion, selling, and even writing. We discover spectacular complementarities between paper and screens.


Forth error. In opposition to that is commonly said accordingly this so called era of new orality, we typewrite more texts than ever in the past: emails, blogs, short messages, exchanges on the social media. It may be on computer screens, on mobile screens or many other electronic gadgets. The massive transmission of vocal messages on telephonic networks has become marginal in comparison with the quantity of written data. Vocal interfaces with computers keep exceptionnel. We still use keyboards which replace for our great commodity the old wooden drawers and racks containing and classifying in the XV century up to most recently Gutenberg’s mobile lead letters. The digital keyboard means a significant progress in a friendlier, faster and cleaner electronic manipulation of the characters to be laid on the page.
Not only that. I may also write and program images, sounds and movements and mix them with texts. I can diffuse multimedia contents. Still we have to recognize that we do not create and diffuse an oral content with our larynx. It is only a spectacular extension of printing with a keyboard and/or mouse. We print images, music and movement with the two elements of a binary code.
Fifth error. Web 2.0, chat, on line forums, addiction to social media would bring us back to social rituals and interactivity and integration of former orality, whereas reading books has stimulated individualism. However we should not forget that this networking works on a remote communication, most often in anonymity. Of course the success of multiuser videogames, on line karaoke and other sports or entertainments on line such as the Wii or the Kinect is spectacular. But the integration power of these electronic rituals is still limited, not to be compared with the gestural and visual interactivity and human encounter of former tribal fests. An electronic voodoo is not to appear tomorrow.
The emerging digital age means for sure an anthropological revolution for humanity. But we have to avoid any binary superficial thinking. We are not experiencing the end of the Gutenberg Galaxy. We should not think of a Gutenberg parenthesis in our history, which we would be closing today. On the contrary the digital technologies means a successful new development of the phonetic code into the binary code, of the manipulation of mobile lead block letters into to an electronic more friendly and powerful keyboard” We keep going on with writing and books. A new obscurantism is therefore not a technological fatality which would threaten us.
On the contrary digital technologies allow us to hope for new human progresses.
In opposition to McLuhan’s statement, Gutenberg’s heritage is more evident than ever.
We should honor e-Gutenberg.

2011-11-06

Economie imaginaire


Le numérique a dématérialisé la monnaie et l'économie et transformé les Bourses, comme Wall Street, en tapis de jeu pour le poker spéculatif. L'économie imaginaire l'a emporté sur l'économie réelle, nous exposant à des réveils douloureux. Les investissements dans les entreprises de technologies, services et contenus numériques ont flambé. La nervosité, la volatilité et la fragilité de cette économie imaginaire nous ont exposé à des situations chaotiques.
C'est ce que je soulignais déjà dans "Le choc du numérique" (éditions vlb, 2001).

2011-11-04

TWEETART



TWEET ART, in French TUITART, is an actualization on the web of the former postal art and the New York Correspondence School of Ray Johnson, of rubberstamp art, wall’s graffiti and posters, street’s imaginary signalizations, pills of the Fischer Pharmacy, tags, tattoos, etc. Futurist artists would have enjoyed Twitter‘s immediate power to diffuse images on internet and social media. These meaningful small images, instead of the 140 characters allowed by Twitter, are exploring the topic of philosophical and ethical questioning about today’s art, politics and main social issues. Barcodes, binary codes, codes with 4 letters (acgt) of DNA, financial diagrams are the main icons of the digital age which l explore. A new step in sociological art, with its interrogative aesthetics.
Tweet art is also a way to link again fine arts and digital arts. I work with painting and computing simultaneously. I don’t agree with the binary way of thinking of artists of the fine arts against the digital arts or reciprocally. They have developed an attitude of anathema between themselves. They should admit that there is no progress in art history. A computer piece of art is not more valuable than a painting on canvas because it is digital. Technological progress is not an issue for art, even if art is always linked with technologies. The art spirit is not in the computer nor in the pen, but in the brain and sensibility of the artist himself. Therefore l look myself for what l call “digital fine arts”.

2011-11-03

art postal en ligne


L'art postal des années 1970 a préfiguré les réseaux sociaux d'aujourd'hui. Avec le tweet art et l'art postal en ligne, il est possible de réactiver cette pratique et de lui conférer une beaucoup plus grande efficacité sociale, au-delà du micro-milieu artistique dans lequel nous l'exercions autrefois.

2011-11-02

numérisme et archaïsme


Il est paradoxal que l'imaginaire numérique en appelle à des formes aussi archaïques dans les jeux vidéo et les effets spéciaux de films de science fiction. Le homard avec carapace numérique y est répandu. Limythes de notre imaginaire.

2011-11-01

Du symbolisme au réalisme, puis au NUMÉRISME. Et après?


L'extension cosmogonique du code binaire a remplacé le réalisme que nous avions construit peu à peu depuis la Renaissance italienne par le numérisme, qui constitue la nouvelle métaphore interprétative et instrumentale de l'univers. Le numérisme est lui aussi une construction de l'esprit, comme le réalisme; sa vérité aussi est démontrée par l'expérience quotidienne. Le numérisme est une nouvelle étape de notre relation au monde, manifestement plus englobante et plus efficace que le réalisme, même s'il est intuitivement plus difficile à saisir par nos sens.Le tactile, le visuel, le sonore sont remplacés par des algorithmes.
Le réalisme a été une conquête anthropologique de l'homme sur l'univers. Le numérisme est une nouvelle conquête, dont nous pressentons encore mal les développement, mais dont nous pouvons estimer qu'ils transformeront radicalement notre rapport au monde. Pour autant, le numérisme ne sera pas plus éternel que le symbolisme, ni que le réalisme qui l'ont précédé. Il nous est impossible aujourd'hui de concevoir ce qui lui succédera.