Les flux et les reflux du web, les reflets des écrans liquides, le va et vient quotidien des messages, des images, des fichiers, qui y flottent comme des bouchons qu’on retrouve d’une fois à l’autre près de la rive, ce petit bruit régulier des alarmes, le clapotis cathodique sur les rochers du monde réel, le rythme des jours, des matins et des soirs sur l’horizon bleuté, les objets surprenants qu’on y trouve ou qui s’échouent sur la plage, les lignes de pêche qu’on y lance, assis sur un tabouret Google, en variant les hameçons et les appâts pour attirer les gros poissons, le brouhaha des autres vacanciers de la station balnéaire, tout cela a un air de vacances au bord de mer, qui me rappelle la Bretagne de mon enfance.
Le mouvement coloré des baigneurs, des voiles qui évoluent, des plus gros bateaux qui passent au lare, offre un divertissement agréable et sans fatigue, toujours le même et toujours renouvelé. Et quand le clapotis durcit avec les marées, agité par des vagues plus profondes, il fait remonter à la surface des algues ou des coquillages plus intéressants. Mais dans l’ensemble, le clapotis du web est d’une régularité apaisante. Le soir, généralement le vent tombe et la surface de l’écran devient lisse et plate comme un miroir, effaçant toute profondeur, toute trace de vie.
Au cours de ces longues heures passées quotidiennement au bord de l’eau, je me sens toujours en vacance, tantôt pêcheur, tantôt crabe, tantôt mollusque, tantôt baigneur, tantôt voyeur, tantôt surfeur, tantôt plongeur dans le bleu et l’écume de cet écran qui reflète le monde sans en laisser voir le fond.
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