Le numérique? Le numérisme en 2D, en 3D! En IMAX,? Interactif! Immersif! Mais ne serait-ce pas un nouveau mirage ? Et pourquoi croyons-nous tant à sa réalité ? La nouveauté est-elle une panacée universelle? Je trouve plus d'analyses pertinentes et approfondies dans les "vieux" journaux et magazines que sur l'internet, qui mise davantage sur l'événementiel spectaculaire. Je passe quotidiennement autant d’heures le nez dans des livres que sur mon écran. Car pour prendre le temps de réfléchir, de comprendre, il ne suffit pas de se faire remplir comme un vase au robinet numérique qui coule à flots de capsules de tout, y compris d’information, de citations et d’images. Certes, je ne circule plus en ville à cheval, je n’écris avec une machine à écrire ; mais deviendrai-il désuet aussi de lire un livre, une revue spécialisée, de regarder un tableau, ou même de méditer silencieusement devant l’immobilité de la nature ? Faut-il consentir à se laisser hypnotiser par l’agitation vibrionnante du numérique ? Cet effet de mirage du numérique n’est pas sans vertus évidentes. Mais pourquoi nous piège-t-il comme une drogue ? Pourquoi crée-t-il chez chacun de nous une telle dépendance ? Pourquoi lui accorder un tel monopole ? Pourquoi en faire un parti pris si exclusif qui transforme sa puissance en défaut – un mot qu’il faut lire à la lettre – je veux dire : un manque d’attention envers la rtéalité, une consommation de divertissement par rapport aux questions qui exigent un effort de concentration ? Qui a dit qu’il faut penser vite pour penser bien ? C’est Bill Gates, un vendeur de logiciels.
Certes, les nouveaux médias sont imbattables pour la vitesse et pour les «utilités», mais la lenteur des vieux médias, la lenteur de l’esprit demeurent absolument nécessaires. J’ai besoin d’eux autant que des nouveaux.
Certes, les nouveaux médias sont imbattables pour la vitesse et pour les «utilités», mais la lenteur des vieux médias, la lenteur de l’esprit demeurent absolument nécessaires. J’ai besoin d’eux autant que des nouveaux.
Le numérique est une technologie prodigieuse, mais il ne faut pas en faire une religion! Et c’est pourtant ce que nous faisons de plus en plus. Pourquoi ? L’efficacité ne suffit pas à l’expliquer. Nous croyons au numérique comme à une nouvelle promesse, comme à un nouveau mythe salvateur. Et c’est cet imaginaire qu’exalte le numérique que nous devons tenter de déchiffrer. Non seulement pour en comprendre le succès, mais aussi pour nous comprendre nous-mêmes. Car le mirage du numérique est un révélateur étonnant de nous-mêmes.
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