2014-02-02

Le nuagisme informatique



Nous sommes harcelés par les compagnies qui nous vantent et veulent nous vendre un hébergement dans le iCloud. Mais revenons sur terre... sous l’œil du ciel. Ce nuagisme informatique «créateur» se situe en réalité dans des silos de béton soigneusement enterrés et refroidis par des systèmes hydrauliques. Le nuagisme numérique n’est qu’une métaphore de plus de notre numérisme platonicien. Nous croyons toujours que la vérité a sa place dans la lumière du ciel, pas dans les ténèbres de la terre où nous situons plutôt les enfers, selon une symbolique simpliste. Et c’est cette métaphore qu’exploitent les compagnies d’informatique dans leur publicité, parce qu’elle vend bien.
Indépendamment du nuagisme, avec les satellites de basse altitude, l’œil du ciel existe pour vrai, et c’est un puissant outil de contrôle et de gestion. Google Earth nous suit partout, nous tague, nous photographie à partir du ciel, nous, nos voitures et nos maisons,  pour le meilleur et contre le pire, disent-ils.

Nous acceptons d’être constamment géolocalisés dans nos déplacements individuels, avec nos iPhones, iPad et autres Androïdes dont nous oublions de désactiver cette fonction. Pire, désactiver ce lien, c’est renoncer à pouvoir localiser le téléphone ou le portable qu’on a perdu, c’est renoncer à obtenir rapidement un taxi, c’est renoncer à connaître les stations d’essence ou les restaurants le plus proches, etc. C’est donc avec notre plein consentement, pour bénéficier de toutes sortes de services et d’informations, que nous acceptons d’être constamment sous l’œil du ciel, l’œil numérique que nous avons nous-mêmes inventé et placé au-dessus de nous en lui donnant le pouvoir de nous épier et d’enregistrer nos mouvements dans ses fichiers. Au-delà de cette acceptation, et même sans elle, c’est la National Security Agency américaine qui nous espionne à notre insu, du haut de ses satellites, le long des câbles sous-marins, sur les serveurs et dans les nuages informatiques. Il n’y a plus d’ombre pour lui sur la Terre. L’œil est partout, qui nous suit, comme Dieu. Il ne faut plus avoir rien à cacher dans cette topologie religieuse. L’œil était dans la tombe et regardait Caïn, rappelait Victor Hugo dans la Légende des siècles, s’inspirant de la Bible. Victor Hugo était poète, mais aussi prophète. 

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