Nous sommes harcelés par les compagnies qui nous vantent et veulent nous vendre un hébergement dans le iCloud. Mais
revenons sur terre... sous l’œil du ciel. Ce nuagisme informatique «créateur»
se situe en réalité dans des silos de béton soigneusement enterrés et refroidis
par des systèmes hydrauliques. Le nuagisme numérique n’est qu’une métaphore de
plus de notre numérisme platonicien. Nous croyons toujours que la vérité a sa
place dans la lumière du ciel, pas dans les ténèbres de la terre où nous
situons plutôt les enfers, selon une symbolique simpliste. Et c’est cette
métaphore qu’exploitent les compagnies d’informatique dans leur publicité,
parce qu’elle vend bien.
Indépendamment
du nuagisme, avec les satellites de basse altitude, l’œil du ciel existe pour
vrai, et c’est un puissant outil de contrôle et de gestion. Google Earth nous suit partout, nous
tague, nous photographie à partir du ciel, nous, nos voitures et nos maisons, pour le meilleur et contre le pire, disent-ils.
Nous acceptons d’être constamment géolocalisés dans nos déplacements
individuels, avec nos iPhones, iPad et autres Androïdes dont nous oublions de
désactiver cette fonction. Pire, désactiver ce lien, c’est renoncer à pouvoir
localiser le téléphone ou le portable qu’on a perdu, c’est renoncer à obtenir
rapidement un taxi, c’est renoncer à connaître les stations d’essence ou les
restaurants le plus proches, etc. C’est donc avec notre plein consentement,
pour bénéficier de toutes sortes de services et d’informations, que nous
acceptons d’être constamment sous l’œil du ciel, l’œil numérique que nous avons
nous-mêmes inventé et placé au-dessus de nous en lui donnant le pouvoir de nous
épier et d’enregistrer nos mouvements dans ses fichiers. Au-delà de cette
acceptation, et même sans elle, c’est la National Security Agency américaine
qui nous espionne à notre insu, du haut de ses satellites, le long des câbles
sous-marins, sur les serveurs et dans les nuages informatiques. Il n’y a plus
d’ombre pour lui sur la Terre. L’œil est partout, qui nous suit, comme Dieu. Il
ne faut plus avoir rien à cacher dans cette topologie religieuse. L’œil était dans la tombe et regardait Caïn,
rappelait Victor Hugo dans la Légende des
siècles, s’inspirant de la Bible. Victor Hugo était poète, mais aussi
prophète.
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