Dans la lutte entre les
empires numériques Microsoft, Google et Facebook, c'est ce dernier qui est
manifestement le plus fragile, malgré l'excès de ses succès actuels, ou plutôt
à cause de cet engouement superficiel et non structuré. Les communications sans
contenu sont comme l'eau, qui se répand successivement en vases communicants.
Autre métaphore: les contaminations virales sont comme les volées de
perroquets: elles se déplacent rapidement et en bloc. L'avenir prochain de
Facebook est plus qu'incertain. Entraîné par son succès, on ne voit pas comment
il pourrait se reconfigurer en ciblant mieux ses objectifs et ses
fonctionnalités avant de perdre les faveurs de la prochaine vague d'adolescents
et des usagers adultes qui s'y sont accrochés. Et à moins que Google + ne
change sa politique actuelle et cherche à mieux cibler ses fonctionnalités
sociales, on peut s’attendre au même échec à court ou moyen terme. Le
plafonnement de Google + ne sera pas grave pour cette compagnie qui offre de
nombreux autres produits remarquables et développe sans cesse des technologies
et des services innovateurs. Mais tel n’est pas le cas de Facebook, qui n’a
qu’un seul produit volatile à offrir. A moins qu’il ne change de stratégie et
se diversifie en achetant avec l’argent amassé en bourse d’autres compagnies
offrant des services et développant des technologies à forte valeur ajoutée, sa
chute est inéluctable. Début 2014
Facebook a ainsi racheté WhatsApp une application quasi gratuite de messagerie
en temps réel qui comptait déjà 500 millions d’utilisateurs, alors que celle de
Facebook n’a jamais vraiment réussi à s’imposer. Un pari audacieux et gagnant, pour
le prix exorbitant de 19 milliards de dollars ? WhatsApp a été fondée en
2009, ne comptait au moment de l’achat que 55 employés et n’a jamais réalisé
aucun profit – elle s’interdit d’ailleurs toute publicité et ce principe
demeurera tel quel après l’achat. Son produit est loin d’être original, puisqu’existent
déjà notamment WeChat, Line, BBM ou Viber, sans compter Skype. Seules
les données personnelles de ces 500 millions d’utilisateurs constituent un capital marketing appréciable, encore que très volatile. Un tel achat record ne peut s’expliquer
que par une grande inquiétude de Facebook face à son avenir et s’analyse comme une erreur
fatale. Cela n'empêchera pas la Terre
de continuer à tourner. Compte tenu des abus de Facebook à l'encontre du
respect de la vie privée, de l'ingénuité des adolescents embobinés par ce
marchand d’illusions, ce sera un progrès. D'autres réseaux sociaux, qui ont
évité cette erreur, en bénéficieront en assurant une relève de meilleur
aloi.
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