2014-02-25

L'erreur fatale de Facebook


Dans la lutte entre les empires numériques Microsoft, Google et Facebook, c'est ce dernier qui est manifestement le plus fragile, malgré l'excès de ses succès actuels, ou plutôt à cause de cet engouement superficiel et non structuré. Les communications sans contenu sont comme l'eau, qui se répand successivement en vases communicants. Autre métaphore: les contaminations virales sont comme les volées de perroquets: elles se déplacent rapidement et en bloc. L'avenir prochain de Facebook est plus qu'incertain. Entraîné par son succès, on ne voit pas comment il pourrait se reconfigurer en ciblant mieux ses objectifs et ses fonctionnalités avant de perdre les faveurs de la prochaine vague d'adolescents et des usagers adultes qui s'y sont accrochés. Et à moins que Google + ne change sa politique actuelle et cherche à mieux cibler ses fonctionnalités sociales, on peut s’attendre au même échec à court ou moyen terme. Le plafonnement de Google + ne sera pas grave pour cette compagnie qui offre de nombreux autres produits remarquables et développe sans cesse des technologies et des services innovateurs. Mais tel n’est pas le cas de Facebook, qui n’a qu’un seul produit volatile à offrir. A moins qu’il ne change de stratégie et se diversifie en achetant avec l’argent amassé en bourse d’autres compagnies offrant des services et développant des technologies à forte valeur ajoutée, sa chute est inéluctable. Début 2014 Facebook a ainsi racheté WhatsApp une application quasi gratuite de messagerie en temps réel qui comptait déjà 500 millions d’utilisateurs, alors que celle de Facebook n’a jamais vraiment réussi à s’imposer. Un pari audacieux et gagnant, pour le prix exorbitant de 19 milliards de dollars ? WhatsApp a été fondée en 2009, ne comptait au moment de l’achat que 55 employés et n’a jamais réalisé aucun profit – elle s’interdit d’ailleurs toute publicité et ce principe demeurera tel quel après l’achat. Son produit est loin d’être original, puisqu’existent déjà notamment WeChat, Line, BBM ou Viber, sans compter Skype. Seules les données personnelles de ces 500 millions d’utilisateurs constituent un capital marketing appréciable, encore que très volatile. Un tel achat record ne peut s’expliquer que par une grande inquiétude de Facebook face à son avenir et s’analyse comme une erreur fatale. Cela n'empêchera pas la Terre de continuer à tourner. Compte tenu des abus de Facebook à l'encontre du respect de la vie privée, de l'ingénuité des adolescents embobinés par ce marchand d’illusions, ce sera un progrès. D'autres réseaux sociaux, qui ont évité cette erreur, en bénéficieront en assurant une relève de meilleur aloi. 

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