2011-04-30

Texture numérique

La Terre est de plus en plus couverte d'une nouvelle texture de réseaux numériques qui se tisse en mailles de plus en plus fines, par satellites, câbles, relais, ondes courtes, serveurs et boucles locales. On l'appellera la texture "intelligente" de notre planète. Reste à voir si cet épithète ambitieux sera confirmé par l'avenir. Ce n'est pas encore de la matière grise, quoiqu'en aient pu dire plusieurs gourous. La texture créera-t-elle de l'intelligence collective? Contrairement à ce qu'on dit aussi avec ingénuité, l'ordinateur n'est pas intelligent. Il doit même être radicalement non intelligent pour bien fonctionner.
En revanche, la texture numérique de nos réseaux permet de partager davantage d'informations parmi un nombre croissant d'êtres humains, donc de connecter davantage de neurones humains et de catalyser le dialogue. Et de cela nous pouvons espérer beaucoup.
(Peinture acrylique sur toile, 2000)

2011-04-28

L'économie imaginaire

On a un peu oublié que la crise de 1929 ne fut pas d'abord économique, mais boursière. On était dans les années folles, jouissant dans l'inconscience du succès technologique et commercial. L'air du temps était à l'euphorie. À l'époque, comme de nos jours, les spéculateurs les plus cupides, cyniques et corrompus ont bâti des fortunes rapides en manipulant frauduleusement le cours des actions et en attirant des acheteurs néophytes, dont ils ont vidé les poches. Ils se sont enrichis monstrueusement, au point de déclencher l'effondrement de la bulle spéculative et d'entraîner du coup la planète entière dans une crise économique catastrophique. Ils y ont eux-mêmes le plus souvent perdu leur propre fortune.
Il fallut réglementer quelque peu ce qui ne l'était aucunement, pour encadrer les concupiscences et préserver un minimum d'attractivité pour les petits investisseurs - la chair à canon dont avaient besoin les grands spéculateurs.
C'est donc le même scénario qui s'est répété en 2008, mais cette fois avec la puissance des ordinateurs et des logiciels robots calculateurs en temps réel des opportunités.Entre temps, il est vrai, le gouvernement américain avait recommencé à déréglementer les activités spéculatives pour encourager le boum économique.
De fait, l'économie a fait boum! Le pétard n'était pas mouillé. Et il est encore loin d'être désamorcé.
Dès que l'économie se libère de ses attaches réelles et devient un jeu électronique, elle crée de l'argent fictif. C'est très amusant, très excitant sans aucun doute pour les joueurs, qui empruntent pour spéculer, comme au Monopoly et agitent leurs consoles de jeu avec dextérité.
Mais quand l'économie imaginaire fait boum, ça fait mal! Lorsqu'on retombe du virtuel dans le réel sans parachute, on se casse le dos et les jambes. Et on casse aussi son jeu. Et l'économie, celle des autres, dont on se fichait quand on jouait.
hf

2011-04-27

Le triomphe de la Galaxie Gutenberg


Contrairement à la thèse fameuse de McLuhan nous annonçant la fin de ce qu'il a appelé "la Galaxie Gutenberg", nous sommes demeurés dans cette même zone lettrée de l'univers. Galaxie pour galaxie, disons que la Galaxie numérique a vu le remplacement des casiers à caractères de plomb mobiles par le clavier d'ordinateur, qui en fait la manipulation rapide et automatique, sans se salir les doigts. La souris électronique n'est pas plus agile que la main, par la force des choses. La page du livre a adopté une tendance forte au rectangle horizontal, mais pas toujours. Le code à vingt-six lettres a été réduit à deux, mais il en obtient une nouvelle puissance d'écriture, de finesse et de diffusion, élargie au visuel, au mouvement et au sonore. C'est le triomphe de la Galaxie Gutenberg.Et les vertus que McLuhan lui a attribuées demeurent, voire sont amplifiées, notamment en ce qui concerne la démocratie.
hf

2011-04-26

e-McLuhan

McLuhan, dernier grand philosophe de l'âge du feu a mis la table pour comprendre l'âge du numérique. On ne saurait lui reprocher d'avoir amalgamé énergie et information, qui sont cependant deux paradigmes radicalement différents. Le feu et l'électricité sont des énergies qui dévorent et transforment la matière. Le numérique est un code binaire qui informe et restructure la connaissance.
hf

2011-04-25

Développer la Francophonie dans l'espace numérique


Une nécessité pour la Fancophonie, une urgence. Une plateforme de création de contenus, d'échanges, de dialogue, de développement. Un espace social,économique et commercial, culturel, humanitaire. Il n'existe aucune fatalité contraire. Un enjeu qui exige beaucoup plus d'engagement politique.
hf

2011-04-24

Dieu en 3D IMAX?


Une bonne idée pour Hollywood! Une question d'argent, une idée en or!
hf

2011-04-22

L'économie numérique

L'économie numérique s'est crue en apesanteur financière et sociale. Elle a largué les amarres qui la retenaient au réel et développé ses propres logiques ludiques. Les bourses internationales sont devenus de grands casinos où les spéculateurs jouent avec des jetons, des consoles et des robots calculateurs en temps accéléré.
Nous avons connu depuis une dizaine d'années de plus en plus de cas graves de propagation du virus de l'économie imaginaire à l'échelle internationale. La souche origine cette fois des États-Unis. Elle s'est rapidement développée sous l'effet combiné de l'abus de déréglementation publique, du numérique et de la concupiscence humaine, qui ont régné sans retenue dans les salles de jeu des grandes Bourses américaines. Mais les banques européennes ont manifestement adopté elles aussi des pratiques à risque, qui ont favorisé la multiplication du virus à grande échelle. Il n'existe pas encore de vaccin et la recherche pour endiguer cette épidémie mondiale se heurte au refus évident des spéculateurs de changer leurs comportements et d'avaler les pilules que voudraient leur prescrire plusieurs gouvernements.
On pense confier ce dossier à l'Organisation mondiale de la santé, qui a su faire preuve de la plus grande énergie face à la grippe N1H1, sans céder ni à la panique, ni à la corruption.
Hervé Fischer

2011-04-21

Débat sur Twitter

Décidément, je lance le débat public sur Twitter. #debathf. Twitter est un nouveau média, pas encore mature, mais réussira-t-il à s'imposer? Mass média fragmenté, éclaté, qui suscite très peu d'échanges: 2%, 5%, 10% de réponses et retweets? Un média social, mais pas vraiment un réseau social. Ses limites le rendent efficace comme émetteur, mais ennuyeux. Il déborde d'informations anecdotiques, sans aucune valeur ajoutée, sans intérêt pour les abonnés.
Ai-je tort? Comment remédier aux limites de Twitter et le faire évoluer positivement? Son usage social est sans doute encore à inventer. Qu'en dites-vous? Le débat est indispensable et doit être public.
Hervé Fischer

2011-04-20

L'homme est un réseau pensant

Si, parodiant Blaise Pascal, j'écris que l'homme est un réseau pensant, je change totalement de paradigme. Je passe d'une cosmogonie chrétienne, où le philosophe souligne tout à la fois la faiblesse de l'homme et ses vertus (flexibilité, résistance et puissance de l'esprit), à une cosmogonie technologique où l'homme se situe au carrefour des réseaux numériques dont il reçoit les informations qui le déterminent, mais aussi où il est acteur et synthétiseur d'idées. L'homme perd de son unicité psychologique et spirituelle, mais enrichit sa conscience d'innombrables informations qui l'"irriguent", comme une "sève numérique". "Je est un autre", disait le poète et cela devient plus manifestement vrai dans la cosmogonie actuelle, qui substitue le mythe de la surface (médiatique) à celui de la profondeur (de l'inconscient).
Passer d'une cosmogonie, et donc aussi d'une image de l'homme, chrétienne, monothéiste, donc religieuse, à une cosmogonie technoscientifique, c'est une révolution civilisationnelle majeure, encore que cette nouvelle cosmogonie soit de racine grecque, prométhéenne. Elle l'emporte donc aujourd'hui sur la cosmogonie biblique. Et l'homme lui-même change beaucoup aussi. De victime de Dieu (chassé du Paradis terrestre), fragile et résistant par sa soumission même, il devient le vainqueur de Dieu, et libre créateur de son propre univers grâce à la nouvelle puissance - humaine et non plus divine -, qu'il tire de la science et de la technologie. L'homme qui se voit comme un réseau pensant, comme un hypertexte vivant, traite et transforme les informations qu'il capte en idées créatrices de l'hypertexte humain global, planétairement interactif et responsable de sa propre destinée, dans lequel il se situe. Certes, Dieu était une invention débile, Mais la caricature de cette nouvelle cosmogonie humaine est tout aussi stupide: c'est évidemment le cyborg, le posthumain, dont quelques gourous prosélytes inconsistants nous vantent l'avènement navrant.
hf
(Reproduction d'un "autoportrait numérique" de 2000, acrylique sur toile)

2011-04-19

Twitter, un média ennuyeux?


On imagine avec Twitter un jeu nerveux, réactif d'échanges de messages entre abonnés, comme une partie de ping pong. La réalité est plutôt que les balles ne sont pas rattrapées, elles partent dans le décor. Peu de tweets sont retweetés. Et comment pourrait-il d'ailleurs en être autrement. Nous ne sommes généralement pas dans un débat d'idées, mais plutôt dans le temps réel de l'action. Or, à moins que les abonnés ne soient sur le front ou dans une révolution de rue, comme on l'a observé cette année, ils ne sont pas dans une action intense. Les informations qu'ils émettent sont le plus souvent factuelles, et généralement sans grand intérêt, n'appelant pas de réaction. Il est rare que nous soyons, l'un ou l'autre au bon endroit, au bon moment, pour apprendre les premiers et pouvoir transmettre une information aussi importante qu'inédite. Il n'y a pas tous les jours, heureusement, un avion qui se pose en catastrophe sur l'Hudson, un tremblement de terre sous nos pieds, un gratte-ciel qui s'effondre ou un chef d'État assassiné devant nous. Beaucoup de twitters nous font part d'une anecdote de leur vie quotidienne, d'un état d'âme, d'un mot échangé avec une personne croisée, d'une opinion plus que succincte (140 caractères) sur un film, un livre, une conférence, un nouveau gadget. Et peut-être d'un détail pour faire fleurir ses bégonias. Inversement dans les bons cas, exceptionnels, on assiste en effet à des rafales de messages. Mais c'est beaucoup plus rare et limité que pour les commentaires de blogs, qui se comptent parfois rapidement par dizaines. Cela tient donc aussi certainement aux limites du genre. 140 caractères, c'est inhibant pour beaucoup de webavards, que cela ne séduit pas. On peut se demander si Twitter ne montre pas déjà ses limites, non dans la technologie, mais dans l'usage social qui peut en être fait. J'ai observé que les twitteurs émettent, comptent leurs abonnés comme un tableau de chasse, mais ne prêtent guère d'attention aux twitteurs auxquels ils sont abonnés. Comment le pourraient-ils lorsqu'ils affichent 500, 1000, 2000 abonnements?
Cette abondance d'abonnements - grâce auxquels on obtient par retour d'ascenseur des abonnés -, et qui est la loi paradoxale du genre: seulement 140 caractères, mais des milliers d'abonnements et d'abonnés, fragilise ce réseau. Finalement, il n'existe pas, malgré les "listes" thématiques qui se constituent, de véritable communautés sociales de twitteurs. On se doit d'en être, on s'assure d'y apparaître régulièrement, mais les échanges sont trop anonymes et superficiels pour que Twitter constitue un véritable réseau social. Twitter un média ennuyeux? Restons optimiste: l'usage peut évoluer, s'apprendre, s'intensifier. Aux usagers aussi de devenir inventifs, créatifs, de créer des liens forts. Twitter est un média social, cela ne fait aucun doute. Mais il faut aussi dire - et personne ne le dit, personne ne le voit, parce que cette innovation fascine encore les fervents du numérique que sont nécessairement les twitteurs -, que Twitter n'est pas encore un véritable réseau social, et ne le sera peut-être jamais. Seulement un self média, au sens d'un mass média fragmenté, éclaté, presqu'aussi peu interactif que les mass média. Une nouvelle catégorie de média qu'on n'a pas vu venir.

Je vais donc tenter de provoquer un débat sur cette question dans Twitter. Une expérience qui permettra peut-être de confirmer ou d'infirmer ces affirmations.
Hervé Fischer

2011-04-18

Pataphysique numérique

Florent Veilleux, ici, sur la photo, déguisé en Ben Hussein, est un artiste québécois qui aborde le numérique en pataphysicien. Je le connais depuis les années 1980, alors que je l'avais invité à présenter sa création à l'exposition Images du Futur sur le Vieux-Port de Montréal. Il a fait depuis beaucoup de chemin, présenté ses oeuvres dans plusieurs musées, festivals et évènements importants aux États-Unis et au Québec. Son atelier rue Papineau à Montréal, même s'il y a mis beaucoup d'ordre récemment, évoque un bazar numérique,où tout bouge, tout s'anime visuellement et en bruits divers, inutilement. "Inutilement", comme il y insiste avec la conviction du pataphysicien qui se moque des bébelles électroniques et leur donne une deuxième vie, en fait une autre vie, plus imagique que les cartes informatiques, les écrans cathodiques et les consoles de jeu qu'il réemploie. Florent Veilleux, le grand moqueur, est poète du numérique. Du déchet numérique il fait merveille, lui appliquant les simples lois de l'informatique, de l'optique et de la pataphysique supérieure. Il joue au Tinguely des machineries informatiques. Comme Tinguely, il développe une ironie de la machine inutile qui se déhanche avec bruit, pour rien, si non pour ironiser sur le monde machinique, aujourd'hui le cybermonde.Ce bazar numérique qui relie en arabesques colorées, scintillantes, oscillantes, tournoyantes et sonores tous ces bouts de cadavre exquis des merveilles techniques de notre époque, il finit par en faire un vaste hypertexte numérique prodigieusement animé, digne des meilleurs musées d'art et de science, où il pourra étonner et enchanter le public. Voilà une oeuvre pataphysique qui témoigne bien réellement de notre époque*!
hf
*http://www.google.ca/search?sourceid=navclient&aq=2h&oq=&hl=fr&ie=UTF-8&rlz=1T4GGLL_frCA335CA335&q=florent+veilleux

2011-04-17

Buzz Aldrin

En revoyant cette photo ancienne où je suis avec Buzz Aldrin, en 1995, alors que je l'avais invité pour le Festival Téléscience à Montréal et à Québec, je prends la mesure de l'évolution du numérique. Il fut le deuxième homme à marcher sur la Lune, le 21 juillet 1969, quinze minutes après Neil Armstrong. Cette épopée fut possible grâce à la nouvelle puissance des ordinateurs. Son succès complet fut obtenu grâce au code binaire de l'informatique. Et quel succès! Nous n'en avons pas connu de plus spectaculaire dans toute l'histoire de l'humanité, ni avant, ni après.
Mais le numérique n'était encore en 1969 qu'une affaire de spécialistes, une zone réservée de la recherche militaire la plus secrète. Aujourd'hui, quarante deux ans plus tard, nous pouvons dire qu'il s'est étonnamment répandu, banalisé. Près de 30% de l'humanité sera bientôt connecté à l'internet. Depuis 1995, le web s'est répandu comme un tsunami numérique sur la planète. Nous n'étions en 1995 que vingt-six ans après l'exploit d'Apollo 11. Moins que l'espace d'une génération.
Le rythme de l'évolution de notre espèce est devenu prodigieux. On comprend que des gourous nous imaginent bientôt en cyborgs. Comment allons-nous nous adapter à cette accélération de notre révolution anthropologique? L'inertie de notre linéarité s'évapore. Toutes les directions s'ouvrent et virevoltent. Notre esquif spatial a-t-il encore une quille? Il est devenu urgent de concevoir les cartes des espaces inconnus vers lesquels nous fonçons.
hf

2011-04-15

Nouvelle mappemonde

La face cachée de la terre et la face intelligente divergent-elles? Ou fusionnent-elles? Le numérique renforcera-t-il la transparence des relations humaines et contribuera-t-il au progrès? Ou ne fera-t-il qu'ajouter en puissance au meilleur et au pire? On verra? Ou faut-il y voir? Verrons-nous un hyperhumanisme numérique progresser? Qui en fera le pari devra y travailler sans relâche.
hf

2011-04-13

Identité numérique: une tendance lourde?


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2011-04-12

L'utopie numérique

Le numérique a pris le relais des utopies politiques du XIXe siècle. L'utopie technoscientifique nous promet à son tour des lendemains qui chantent. Espérons que cette nouvelle promesse finira mieux que les précédentes.
Que nous dit-elle: que nous allons céder la place à des superordinateurs plus sages et efficaces que nous ? Que nous allons devenir des post-humains? Que nous allons tout gérer et contrôler, nous cloner, améliorer considérablement notre santé, notre longévité, notre beauté, notre intelligence, notre mémoire, nos communications, la démocratie, le progrès social, l'égalité, la fraternité (Facebook nous permet d'avoir tellement d'amis, enfin!), notre création interactive et sociale, etc.! Autant dire que demain on rasera gratis.
Pourtant, oui, je suis convaincu que l'utopie marxiste n'a pas eu que des résultats désastreux, ni l'anarchiste, ni la fouriériste. Et que de l'utopie numérique nous pouvons espérer des progrès humains réels et pas seulement des désastres. Nous voyons bien chaque jour que le numérique nous surprend par des échecs et des succès tout aussi inattendus et non prévus les uns que les autres.
Il demeure que cette utopie est tellement prometteuse qu'il nous faut la chérir et la contrôler avec des soins assidus. Avec une fascination critique, loin de toutes les frilosités passéistes et de toutes les ingénuités délirantes. Echo errant du futur, le numérique cherche à se fixer sur des objectifs qui constitueraient des progrès humains; non seulement une puissance instrumentale inédite, qui nourrit, il est vrai, notre goût pour la pensée magique, mais aussi des progrès de la conscience humaine, qui pourraient favoriser ce dont nous avons le plus besoin: le développement d'une éthique planétaire ou de ce que j'appelle l'hyperhumanisme - plus d'humanisme, grâce à plus de liens. Il y a dans les espoirs que nous fondons sur l'âge du numérique un écho incontestable de nos désirs d'un horizon futur plus lumineux.
Le désir fait écho. Encore faudra-t-il composer nous-mêmes l'écho, qui est nôtre et que nous ne pouvons pas laisser errer à l'aventure.
hf

2011-04-11

Poètes twitters, à vos claviers!

La règle des 140 caractères qu'impose Twitter vaut bien celle du code poétique classique. Je n'irai pas jusqu'à dire que le tweet devrait rivaliser avec "L'art poétique", tel que le prescrivait Boileau! Les plus grands poètes se sont certes libérés des contraintes du code poétique, lui préférant souvent la liberté de la prosodie. Mais il me semble que la métrique du Tweet, même si elle est beaucoup plus flexible que les règles de l'alexandrin ou du quatrain, ne manquent pas d'intérêt. Plutôt que d'en faire une limite au sens d'une contrainte frustrante pour ceux qui veulent communiquer toujours plus, la loi du genre qu'impose Twitter pourrait nous suggérer une nouvelle créativité.
Admettons-le: ceux qui twittent n'ont dans la majorité des cas rien d'intéressant à dire. Ils éprouvent plutôt une démangeaison communicative, une soif de téter la mamelle de la société ou de donner la tétée aux abonnés pour compenser des frustrations et des solitudes qu'ils ne sauraient davantage élaborer. Il serait donc souhaitable de s'imposer plus d'exigence, plus de rigueur, tant dans la qualité formelle de l'expression que dans l'intérêt du contenu.
Je veux bien croire que le tweet, comme le "texto" du téléphone cellulaire, soit plus un mode de communication quasi orale qu'un exercice de style. On ne saurait nier l'importance vitale du vent de la parole. Et je sais que la mode est à communiquer pour communiquer. Je ne doute pas de l'intérêt d'énergiser le lien social, et ce serait là la force du tweet, tandis que le message lui-même ne compterait plus pour grand-chose. J'ai lu cela chez McLuhan et dans les exclamations de plusieurs champions actuels du genre. Je demeure pourtant convaincu que l'un n'empêche pas l'autre, et même que l'intérêt du contenu peut contribuer à renforcer beaucoup plus le lien social! Ceux qui parlent d'"esthétique de la communication" ne tomberont sans doute pas assez bas pour dire que ce que l'on communique importe finalement peu.
Il demeure qu'en prose ou en vers, et sans créer une Académie du tweet, on peut souhaiter une amélioration du genre qui en assurera le respect et peut-être même la pérennité. Faute de quoi, le ramollissement du tweet - nous ne sommes pas tous les jours dans une révolution arabe du jasmin, on ne trouve pas tous les jours une information d'intérêt mondial à diffuser avant les autres - fera sombrer ce nouveau mode d'expression dans une banalité et une médiocrité fatales.
Alors, pourquoi pas des poètes qui twittent et nous envoient en quelques mots des éclats de poésie intense, vertigineuse ou onirique, tranchante ou métaphysique, émotive ou sibylline?
Un nouveau genre artistique à créer, en saisissant l'effet de mode de Twitter pour lui donner force culturelle.
hf

2011-04-06

Digital Fine Arts: the End of an Anathema

I work with painting and computing simultaneously. I don’t agree with the binary way of thinking of artists of the fine arts against the digital arts or reciprocally. They have developed an attitude of anathema between themselves. They should admit that there is no progress in art history. A computer piece of art is not more valuable than a painting on canvas because it is digital. Technological progress is not an issue for art, even if art is always linked with technologies. The art spirit is not in the computer nor in the pen, but in the brain and sensibility of the artist himself. Therefore l look myself for what l call “digital fine arts”.
hf

2011-04-01

éthique planétaire: le paradoxe du numérique

La puissance du numérique favorise une transparence de plus en plus extensive, immédiate et contagieuse de l'information et donc de la démocratie. Elle permet à des organismes humanitaires tels que Human Rights ou Green Peace, parmi tant d'autres, de connaître et dénoncer mondialement de plus en plus efficacement et de plus en plus efficacement les crimes contre les droits humains élémentaires.
La puissance du numérique dans le domaine de la technoscience, non seulement des armes de destruction massive, mais aussi de la physique, de la biologie, de l'écologie, permet à l'humanité d'être de plus en plus créatrice; de transformer son destin, de menacer ou de protéger notre planète. L'accélération prodigieuse de ce pouvoir instrumental dans nos mains d'hommes implique non seulement une puissance, mais, aussi une responsabilité éthique inédites.
Autant dire que le développement du numérique nous oblige, que ce soit par instinct de conservation ou par un progrès de notre conscience, à instaurer aussi une éthique planétaire basée sur le respect de la déclaration universelle des droits de l'homme. Nous sommes désormais trop informés pour faire semblant de ne pas savoir. Nous vivons désormais trop dangereusement pour ne pas instaurer un bras armé qui puisse prévenir, combattre et sanctionner les excès d'exploitation et de violence humaines qui apparaissent encore partout parmi nous. Cette éthique planétaire n'est pas seulement une nouvelle conscience ou une culture mondiale. Elle est aussi institutionnalisée par les Nations Unies, que nous devons apprendre à respecter, promouvoir et renforcer, quelles qu'en soient encore aujourd'hui les évidentes faiblesses et impuissances. Notre avenir commun en dépend de plus en plus.
Sans doute jugera-t-on étonnant qu'une technologie puisse nous imposer une éthique! Ce paradoxe du numérique n'est pas l'une de ses moindres logiques. L'évolution de notre espèce passe aujourd'hui par cette divergence.
Hervé Fischer